dimanche 7 octobre 2012

"L'homme percé", de Marc Sastre



"L'homme percé" de Marc Sastre a été édité en 2011 par l'auteur et ses Editions Les Cyniques.
Auparavant, Marc Sastre avait publié quatre recueils aux éditions n & b, successivement "Rien qu'une chute", "Soif", "La maison vide", "A défaut de martyrs".
J'ai beaucoup aimé "L'homme percé" pour plusieurs raisons : tout d'abord, parce que passages en proses et poèmes en vers libres sont alternés. Et ensuite, surtout, par le thème traité. En apparence, il est question de la vie en usine, il s'agit de décrire l'usure du corps et de l'esprit chez les personnes qui y travaillent.
Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. Le propos, surtout s'il est teinté de misérabilisme, ne peut que paraître très ordinaire.
Non, ce qui m'intéresse, c'est la tension vécue par l'ouvrier, sans doute l'auteur, qui sait que derrière l'usine il y a une autre vie qui existe. Attention, cette tension demeure inassouvie. Il n'y a pas de victoire nette du gentil intellectuel sur la brute manuelle. L'idéal serait sans doute, mais à quel prix, de savoir se placer des deux côtés des mêmes gestes. Mais la tension est aussi celle qui existe entre les mondes de l'intellectuel et du manuel, synonyme d'incompréhension totale.
Il n'y a pas d'issue à cette tension dans ce livre, par contre, il en ressort de la vraie lucidité qui réchauffe le cœur et c'est déjà beaucoup. Rare qu'un intellectuel parle bien des manuels, sans les glisser dans du papier cadeau.
Un petit extrait : "Il s'en moque bien du vrai et du faux, ce maçon au ventre riche et rond qui aligne son mur, sans compter ni les pierres, ni les heures, ni les jours qui suffisent à compter son destin. (...)
Le politique ne le touche pas. Il ne touche pas à la politique. Il se fout de tout, sauf de l'alignement de ses pierres. Bientôt, les maisons ne seront plus.
Alors les maçons ne seront plus."
Mention spéciale pour finir à la couverture que vous pouvez découvrir ci-dessous.
Pour en savoir plus sur ce livre et/ou le commander, c'est ici : 

"Aucun souvenir assez solide", d'Alain Damasio


Une fois n'est pas coutume, je vais chroniquer un auteur professionnel.
En effet, ce recueil de nouvelles intitulé "Aucun souvenir assez solide", qui vient de paraître aux Editions de la Volte, m'a paru tellement riche et dense que je ne peux le passer sous silence.
Voici donc quelques remarques sans doute un peu désordonnées, quelques pistes pour vous donner l'envie de découvrir cet ensemble de textes.
D'abord, ce n'est pas de la poésie, c'est de la science-fiction. Enfin, j'aurais presque envie de dire : c'est les deux. Car non seulement les mondes décrits sont très poétiques, mais en plus le style de l'auteur l'est également. Pas toujours facile à suivre, d'ailleurs, avec ses néologismes, ses changements de vitesse pour "rythmer l'action", comme dirait l'autre.
Déjà, rien que le titre, n'est-ce pas une réussite ? "Aucun souvenir assez solide" : je me suis d'ailleurs demandé pourquoi il résonnait bien à mes oreilles. En fait, c'est très simple, il y a deux fois AS dedans, ne me demandez pas ce que veulent dire ces initiales, cependant il se pourrait qu'elles signifient quelque chose !...Le contraire m'étonnerait. Un symbole connu ? Peut-être...
Ensuite, à chaque nouvelle son nouveau monde créé. Bref, un tour de force de l'imagination. Vous voyagez des affres de la dématérialisation aux messages d'amour postés entre des lumières de phares, d'une course en véli-vélo à un livre écrit sur le ciel, des sculptures pétrifiées aux murmures d'un samovar etc.
Et puis, il n'y a pas que ça. La place occupée par le langage est cruciale pour l'auteur et pour ses personnages, le langage que l'on écrit, celui que l'on parle. Et ça c'est déjà plus original, comme arme, dans la science-fiction.
Car malgré la noirceur de quelques uns de ces mondes (pas tous), une note d'espoir est presque toujours là pour valider l'action. Enfin, la réflexion de nature politique n'est pas effacée. Il n'y a pas dans ces histoires que des robots qui font du surplace (on dirait qu'ils ressemblent à des humains). L'homme réfléchit et sait prendre des risques, sans que ça augmente forcément son chiffre d'affaires !
Une bonne dose d'anarchisme serait-elle la solution qui permettrait de modifier le cours des choses, avec l'amour toujours ?
A vous de vous faire votre opinion en lisant "Aucun souvenir assez solide", en allant sur le site des Editions de La Volte : http://www.lavolte.net/


jeudi 4 octobre 2012

"Un poème nous sépare", de Louis Savary


Je viens de recevoir ce recueil de cent aphorismes poétiques de Louis Savary, intitulé "Un poème nous sépare".
Le sujet est poétique par excellence, puisqu'il concerne la poésie.
Bon, de manière générale, je n'aime pas trop que l'on écrive des mots sur les mots, mais là, ce n'est pas tout à fait pareil. Louis Savary écrit sur la poésie et la poésie, est-ce qu'il ne s'agit que de mots ? Je ne le crois pas du tout. Il y a là aussi l'importance du ressenti, qui, chez certains lecteurs, trop logiques, peut ne pas exister !...
Dans ce recueil, je ne prétends pas avoir apprécié tous les aphorismes, c'est la loi du genre de ne pouvoir toujours grimper aux sommets, par contre, l'auteur me semble avoir une sacrée expérience de la poésie, comprenez, de la vie !
Et donc, j'ai par dessus-tout quand, sans saborder la profession de poète, Louis Savary fait preuve d'ironie, voire de cruauté envers (et en vers) lui-même.
Exemple : "sans doute avais-je besoin/ de me consacrer à la poésie/ pour me donner l'illusion/ d'avoir vécu" ! Excellent : combien de poètes veulent ne pas voir cette réalité là en face ?
Pas mal aussi celui-là : "la poésie/ c'est l'enfant/ que la vie/ m'a fait dans le dos"...
Pour en savoir plus sur ce recueil, vous pouvez écrire à Louis Savary : louis.savary@skynet.be

Sachez en outre qu'à partir du 11 octobre 2012, à Bruxelles (Théâtre-Poème 2), aura lieu la première du spectacle "Blind poets blues", avec des textes de Laurence Ferlinghetti et Louis Savary.