dimanche 26 avril 2015

"Poetry", de Valérie Canat de Chizy




"Poetry" de Valérie Canat de Chizy est un livre d'introspection totale. C'est la première fois que je lis des textes en prose de cette auteur et le choix de cette forme d'écriture, qui n'est pas que poétique, semble être à mes yeux une prime à l'objectivité, ou du moins, à l'intimité.
En effet, ici, plus qu'à briller, l'écriture cherche à être précise, tout en ne quittant pas la sphère de la pudeur, ce qui est naturel pour des relations filiales et en même temps difficile à bien doser.
Dans "Poetry", titre d'un film, prétexte à d'autres images, personnelles à la vie de Valérie de Canat de Chizy, l'auteur évoque ses souvenirs, et plus particulièrement, ses années de construction, ainsi que les dernières années de son père. C'est à dire, en parallèle, une victoire, si ce mot n'est pas trop excessif, sur un handicap, la surdité (avec tout ce que cela suppose d'isolement social surtout) pour l'auteur, et un déclin dû à la maladie, s'agissant de son père. Et au milieu de tout cela, des souvenirs en commun, des images qui ne s'oublient pas.
Le lecteur comprend aussi que pour Valérie Canat de Chizy, l'écriture n'est pas qu'une rigolade, qu'un loisir agréable, mais qu'elle représente le moteur de sa maturité : quelque chose qui, à la fois, la libère et qui la tient prisonnière. Ce paradoxe-là, nous sommes plusieurs, je pense, à le vivre.
Dans tous les cas, la lucidité y gagne. Et lucidité, notez-le bien, ne signifie pas désespoir :
"J'ai toujours été petite. C'était en terminale, les longues heures passées devant mon bureau à rédiger des dissertations. Ma sœur et mes amis, dans le salon. Je ne pouvais les rejoindre, cette forme de retrait qui me caractérisait m'empêchait, déjà, de franchir un seuil. J'approfondissais avec les mots, le champ de mon univers. J'accouchais, véritablement, de moi, à chaque fois".
Pour vous procurer "Poetry", qui est vendu au prix de 11 €, vous pouvez vous rendre sur le site de l'éditeur, Jacques André, http://www.jacques-andre-editeur.eu/

"L'homme diverticules", de Christophe Lévis


On ne peut pas dire que la poésie de Christophe Lévis soit ordinaire et apaisée. C'est une poésie carrément physique. De mon clavier, cela sonne comme un compliment, car parfois, j'en ai assez de lire des poèmes sans risques, dépourvus de puissance. Là, du coup, le risque est celui de l'inintelligibilité.

Mais de combien d'images voudrait-on se saisir, dans leur force, afin de les garder un peu en mémoire.

Mais non, la poésie de Christophe Lévis nous entraîne dans son fleuve. Et d'ailleurs, ce fleuve, c'est le corps de l'auteur, celui de son double, et ce sont aussi les corps de ses semblables, livrés à toutes sortes de supplices, comme dépassés par des supplices qui ont la dimension du monde.

J'aime aussi cette confusion entre le soi et l'extérieur. L'ego est moins insupportable quand il devient chose :

 

"A l'appel carmin

il dort le long des cours

en s'enivrant de sel.

 

C'est par obligation qu'il frôle

la folie

d'un hiver jamais clos.

 

Comme un pardis vert

il refuse la

tendresse.

 

Et pour tes attraits lardes

il picote

douloureux les entrailles

de tes

chairs.

 

Il en est ainsi

sur les fourches

calcaires

et l'égoïne

tranchante

du souffle doux amer

de son ancre replète".

 

La couverture est d'André Falsen.

Pour vous procurer "L"homme diverticules", de Christophe Lévis, qui est vendu au prix de 6,10 €, vous pouvez aller faire un tour sur le dite de l'éditeur, Encres Vivres, http://encresvives.wix.com/michelcosem