jeudi 8 février 2024

"Les neiges éternelles", de Luc Marsal

 

Premier véritable recueil de Luc Marsal, comme le dit ce dernier, "Les neiges éternelles" vient d'être édité par "L'échappée belle", dans sa collection "Ouvre-Boîtes".

J'y retrouve ici les constantes de la poésie de son auteur, déjà publié dans "Traction-brabant" : d'un point de vue formel, apparent, tout d'abord : des poèmes courts, aux vers eux-mêmes assez courts, comme coupés à ras, en général.

J'y retrouve aussi les mêmes thèmes, surtout dans la première partie du livre, durant laquelle Luc Marsal retrouve son enfance, ce pays de "neiges éternelles".
Ce qui est remarquable, c'est qu'il semble vraiment s'y revoir en tout petit, en dimensions réduites si je puis dire, dans un monde trop grand par opposition, qu'il décrit avec simplicité.

La deuxième partie de "Les neiges éternelles" délaisse le "je" pour aller vers le "elle", évocation d'une présence féminine imprécise, qui appartient autant au présent qu'au passé, semble-t-il.

À signaler aussi la présence de quelques poèmes contemplatifs des alentours, là encore, comme si l'auteur prenait le regard d'un enfant.

"Les neiges éternelles" s'achèvent par un texte au titre révélateur - "je veux vivre" (tout simplement, ce dernier texte ayant été publié auparavant par les Éditions "Donner à voir", mais dans une autre forme), semblant rassurer le lecteur sur son amour du présent.

Extrait de "Les neiges éternelles", de Luc Marsal :

Il neige

Il neige à qui veut l'entendre
l'enfant sage se tait
mais son ventre lui fait mal

une mèche blonde coule
sur son front
lisse comme un galet

il croit qu'il doit réussir
pour ne pas être pendu
et cherche dans les regards
un sourire oublié

la pâleur de la neige
pour amortir les coups
le soleil de l'hiver
pour adoucir les plaies

La préface de "Les neiges éternelles" est de Victor Malzac.

Si vous souhaitez vous procurer "Les neiges éternelles", de Luc Marsal, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de son éditeur : https://www.lechappeebelleedition.com/lucmarsal_lesneigeseternelles.html

mercredi 7 février 2024

"Atma heurt", de Christophe Lévis

 

Publié par "L'Âne qui Butine", "Atma heurt", de Christophe Lévis est un texte plus énigmatique qu'il n'y paraît. 

À première vue, il s'agit de l'évocation d'un souci d'adolescence et/ou du moins de jeunesse, de quelques années en arrière.

Et pourtant, au milieu de tout ce passé, il semble bien y avoir un peu de présent. Comme si des instants de vie différents étaient superposés dans ce même texte. Par exemple : "La nuit suivante fut longue, j'étais rentré chez moi. Accoudé à ma table, la tête entre les mains, l'irréel du monde me semble loin." puis "J'ai quinze ans et demi, moi, l'exalté du moment." et enfin : "Mes lèvres sur les siennes, je suis adolescent."

Comme si la douceur avait du mal à laisser de la place à la douceur.

Avec cette confession finale, extrait de "Atma heurt" (un titre bien énigmatique aussi, pour lequel je n'ai pas forcément envie d'avoir une explication) :

"Oh... les mensonges iniques des satyres, nous ne les voulons plus ! Seulement le rire franc et clair de nos cœurs mêlés."

La photographie contenue dans le fascicule est également de Christophe Lévis.

Si vous souhaitez vous procurer "Atma heurt", de Christophe Lévis, qui est vendu au prix de 11 €, rendez-vous sur le site des éditions : https://www.anequibutine.com/catalogue/book/201-atma-heurt

vendredi 2 février 2024

"Strophes d'équinoxe", d'Éric Bouchéty

 

Publié par les Éditions "À L'Index", dans sa collection "Les Plaquettes", "Strophes d'équinoxe" est le deuxième recueil publié par Éric Bouchéty, après "Dix-huit poèmes" (Encres vives).

Il s'agit d'une suite de seize séquences, dont chacune regroupe plusieurs courts poèmes en vers libres, qui sont parfois constitués d'une simple… phrase.

Ce recueil décrit un compagnonnage étroit de l'humain avec l'environnement naturel. Je préfère utiliser le terme d'environnement naturel que de nature, car plutôt que des végétaux identifiés, affleurent en majorité ici ses reliefs et l'ambiance qui s'en dégage.

Ce compagnonnage est si étroit que parfois le lecteur se demande si l'humain ne s'est pas figé dans les choses alentour. 
En tout cas, l'environnement naturel semble gouverner tous les affects et mouvements des protagonistes de ce paysage. Pour moi, il s'agit d'une sorte de miroir dépourvu de transparence, mais qui remue, et dont les mouvements inspirent la qualité des personnes le traversant.
Une sorte de voyage qui prendrait le visage d'une randonnée étirée dans le temps (plusieurs années ?), mais sans initiation, sans progrès véritable, comme une errance à peu près heureuse.

Si séparation il y a, elle intervient en fin de recueil, lorsqu'enfin, la nature commence à être contemplée.

Un extrait de la sixième partie de "Strophes d'équinoxe", d'Éric Bouchéty :

"Nous, des symboles itinérants
Avec des têtes de sentiments,
De nuages incompréhensibles,
            Enfoncions nos pas dans le panorama

Visages dehors, figurés par le paysage,
Traces éblouies de nos abandons.

Blessés dans des rôles concis,
Mangés par un calendrier,
On avait demandé à l'exil
De fournir une étendue.

Aliénés, au phrasé du monde,
Au coq hardi, au métayage,
            Des gens perdus se renfrognaient,
Perdaient le lieu et le refrain.

            À ne plus se reconnaître sur les vitrines,
On s'enfonça vers l'arrière-pays,
Cherchant un suc, Fleurs indigènes, irréfléchies."

Comme dit sur la première de couverture, ces "Strophes d'équinoxe" sont "accompagnées de deux photos de l'auteur".

Si vous souhaitez vous procurer "Strophes d'équinoxe", d'Éric Bouchéty, qui est vendu au prix de 13 €, rendez-vous sur le blog de la revue "À L'Index" : revue.alindex@free.fr