samedi 31 janvier 2015

"Une femme à gros seins qui court un marathon", d'Eric Dejaeger



Lire "Une femme à gros seins qui court un marathon", c'est forcément passer un bon moment. Vous vous rendez compte : lire des textes poétiques et ne pas s'ennuyer : c'est quand même incroyable ! Ne pas s'ennuyer et même souvent bien rire !
Alors ici, la poésie, ce qui n'est pas un problème pour moi (mais je le précise), réside plutôt dans la situation mise en place par l'auteur (c'est bien souvent ce qu'il observe d'ailleurs). De la poésie de situation, en quelque sorte, comme on parle de comique de situation, et qui est également remplie d'humour.
Par exemple, la situation de ses mouches qui se crashent sur une vitre trop clean, bien que cela ne soit pas marrant pour elles. Ou celle de cette femme aux gros seins qui court un marathon - qui donne le titre du recueil et son illustration de couverture (de Sarah Dejeager).
Si Eric Dejaeger, de manière générale, est assez attentif aux tenues légères, puis-je être d'accord avec lui ? ça devrait être possible...
Un ptit poème pour la route : "Gaffe aux déjections dans l'œil" :
 
"En été
tard le soir
quand le ciel s'indigote
avant de virer nuit
j'aime rester
le nez en l'air
à voyeurer
les éclairs noirs
des pipistrelles."
 
En fin de compte, c'est surtout l'amour de la liberté qui l'emporte. Et d'ailleurs, pour l'aider dans son projet de vie, seriez-vous prêt à payer Eric Dejaeger pour qu'il traduise en français les 200 poèmes inédits de Richard Brautigan ?
Pour les dons (le livre est vendu 10 €), vous pouvez écrire à l'éditeur (ça ne s'invente pas pour "Une femme à gros seins qui court un marathon" : il s'agit de Gros Textes : http://grostextes.over-blog.com/

dimanche 25 janvier 2015

"Correspondance avec l'ennemi", de Christophe Esnault




Après "Isabelle à m'en disloquer" en 2011, "Correspondance avec l'ennemi" est le deuxième livre de Christophe Esnault paru aux Editions "Les doigts dans la prose". 
Nettement moins sentimental (si je puis dire) que le précédent, il s'agit là d'une série de lettres de caricatures de mauvaise foi envoyées à des personnes, la plupart du temps très identifiées, qui peuvent être des lettrés, mais aussi et surtout à des sociétés ou à des marques, connues de tous, ou à la famille (encore heureux, il aurait pas fallu que je l'oublie, celle-là).
Bon, Christophe Esnault va pas se faire que des copains avec ses lettres, mais sans doute devrais-je utiliser plutôt le passé.
J'ai en tout en cas bien rigolé avec ses lettres, tout en espérant que l'auteur ne m'écrira jamais.
L'astuce consiste à savoir si la caricature viendra vite, ou si elle prendra des chemins détournés pour sortir du bois d'un seul coup d'un seul.
Il faut dire aussi que Christophe Esnault ne s'épargne pas non plus dans la bataille. Vraie ou fausse, son intimité y passe largement et l'autoportrait d'un anti-héros sans excuses est dressé, qui pourrait ressembler à pas mal d'autres auto-portraits.
Enfin, il existe au moins un dixième de ces correspondances qui finissent malgré tout par être des lettres d'admiration (pour quelque chose d'inattendu le plus souvent, et même si c'est par dérision).
Voici par exemple "Elle devient quoi la Belle des Champs ?" (c'est vrai ça quoi !), extrait de "Correspondance avec l'ennemi" :
"Je pense que tout le monde l'a oubliée, mais de mon côté, je me souviens très bien comment elle a alimenté mes fantasmes d'adolescent nourri aux céréales. On en a fait des trucs dans les blés et dans les maïs. Elle m'inspire encore. J'ai écrit une série de sonnets rien que pour elle. C'est un peu pornographique, mais ça vient du cœur archi-plein.
La confrontation au réel d'une femme mûre, idole de ma jeunesse, m'excite un maximum et je veux connaître son adresse postale. Je présente une pièce romantique pour bottes de paille à la Ferme Auberge de mon village et je souhaite l'initier au SM Rural Mayennais (dont je préside l'association).
Christophe Esnault"
Pour en savoir plus sur ce livre vendu au prix de 16 €, vous pouvez aller faire un tour sur le site de l'éditeur: http://www.lesdoigtsdanslaprose.fr/ 

samedi 24 janvier 2015

"Sans poésitation", d'Alain Jean macé




"Sans poésitation" est un recueil d'une trentaine de poèmes courts, avec également des vers courts.
Les thèmes sont variés, le seul fil conducteur reposant sur l'humour, qui vient des nombreux jeux de mots employés.
J'aime beaucoup "Sans poésitation" pour la précision de ses textes, leur équilibre aussi. Ce "ni trop, ni pas assez" qui fait que ça marche !
Un exemple, celui de "Dépendance" :
 
"Gardien de prison
Il faut la santé
Durant quarante ans
Pour rester à l'ombre
Sans avoir méfait
 
Se priver des clés
De la liberté
Afin d'être heureux
Qu'aucune prison
Ne manque à l'appel
 
Et puis m'a-t-on dit
Quand vient la retraite
L'évasion fait peur
On s'enferme alors
Dans ses souvenirs"
 
Pour en savoir plus sur ce recueil, vendu au prix de 7 €, vous pouvez contacter son éditeur, aux éditions du Contentieux, Robert Roman : romanrobert60@gmail.com

mardi 6 janvier 2015

"Aorte adorée", de Christophe Esnault




Le sous-titre d'"Aorte adorée" résume bien le thème de ce recueil de 32 courts poèmes en vers libres.
Il s'agit de "se pendre et autres idées géniales quand on s'ennuie le dimanche".
Et là, malgré un thème qui, pour les plus frileux, ne serait pas "poétique" (comme s'il y avait des thèmes poétiques et d'autres pas !), je vous confirme qu'il s'agit bien de poésie, à la fois, par la forme et par le fond, en fond de vers bien découpés.
Christophe Esnault procède donc à une énumération des procédés pour se suicider, aucun n'étant préféré à un autre et tous gardant leur valeur relative. C'est bien ce qui est rigolo, justement !
"Aorte adorée" m'a plu d'emblée, ce qui est normal, car je suis un adepte de l'humour noir et j'aime aussi les vérités crachées en face. Et si jamais certains ou certaines trouvent ce texte trop sombre ou déprimant, je vais pouvoir leur répondre : "dans ce cas, veuillez régler tous nos problèmes" !
Quelques aperçus de ce texte pour la route, vous en espérant une longue tout de même :
 
"1/ Electrocution festive
 
Quand tu te sens plus mort que mort
Tords une pointe de fourchette
Et enfonce-la dans la prise
Tu croyais ton genou pourri
Tu sentiras bouger ton cadavre
Il dansera, frénétique, vivant
 
11/ Méthode Virginia Woolf
 
Des galets plein tes poches
Tu t'avances dans la rivière
Un pas ou deux encore
Et il sera l'heure du goûter
 
23/ Le camionneur est votre ami
 
Si simple de poser sa tête
Sous la roue d'un camion
Et d'attendre dans la joie
Que celui-ci redémarre"
 
Pour vous procurer "Aorte adorée", vous pouvez écrire à Yves Perrine, 215 rue Moïse Bodhuin 02000 LAON. Le texte est vendu au prix de 3,80 €.