mercredi 9 décembre 2015

"La tournante des images et des ombres", de Daniel Giraud


"La tournante des images et des ombres" (beau titre, au passage) de Daniel Giraud, en 6 poèmes écrits en vers libres, semble offrir un résumé de la vie de l'auteur, puisqu'y sont décrites plusieurs étapes de sa vie, du passé jusqu'au présent.
"La tournante des images et des ombres" pourrait donc être comme une valse des sentiments sans apitoiement ni regret aucun, avec toutefois une petite préférence, peut-être, pour la jeunesse qui permet plus facilement l'expression de la révolte.
En effet - on a beau faire preuve de sagesse - la vieillesse retient davantage à la terre.
Dans ce livre, court par la longueur, le lecteur pourra apprécier la sobriété du style, une marque du métier d'écrivain qui est rentré.

Extrait de "La tournante...", "Fragments de vie

en bas
ils ne savent pas
que là-haut
c'est le chant des oiseaux
la neige éternelle du Valier
la chatte sauvage amaigrie
l'arbre coupé à la hache
la glace fendue à la pioche
le toit qui fuit
les milliers de livres
les manuscrits empilés
le coeur battant trop vite
dans les pentes d'âge qui pèse
au prix d'un doigt coupé
ou d'un pied cassé".

"La tournante des images et des ombres" contient, outre l'illustration de couverture, de Pascal Ulrich, un collage de l'auteur.


Pour en savoir plus sur ce livre, publié par les éditions du Contentieux et vendu au prix de 5 €, vous pouvez vous adresser à Robert Roman : romanrobert60@gmail.com

"Ite missa est", de Louis Savary


"Ite missa est" ("Allez la messe est dite") est le dernier livre et recueil d'aphorismes publié à ce jour par Louis Savary aux Editions "Les presses littéraires".
Si les religions pourraient paraître un sujet démodé (mais ne sont plus hélas, vu ce qui se passe actuellement), il est clair que Dieu, dont il est ici question, a toujours été d'actualité car mis à toutes les sauces, souvent les pires.
C'est ce que montre (entre autres) Louis Savary, à travers cette série de très courts textes se présentant comme des poèmes, qui, la plupart du temps, sonnent juste.
Ils ne manquent d'ailleurs pas non plus d'impertinence, mais sauront être compris et appréciés par les athées ou, à la rigueur, par les agnostiques ! 
En voici quelques exemples :

"de mes dialogues avec Dieu
je n'ai pu enregistrer
que mes questions"

*

"Dieu est par excellence
l'astre brillant 
par son absence"

*

"J'ai rêvé que Dieu
m'embrassait
sur la bouche
et me suppliait
que ça reste entre nous"

*

"Depuis la nuit des temps
le phénomène d'impénétrabilité
des voies de dieu
en a fait fantasmer plus d'un"

*

"Dieu nous prête vie...
Offre soumise à conditions."

*

"il est moins douloureux de mourir
cloué sur une croix
sachant que dans trois jours
on va ressusciter"

Dernière petite remarque, en forme de conclusion : pourquoi donc "Ite missa est" est-il sous-titré "Je suis poète" (avec en sus, l'image de la ballade des pendus de François Villon, archétype du poète maudit) ?
Peut-être parce que la poésie est la seule à pouvoir s'opposer à Dieu, selon l'auteur, comme en témoigne cet aphorisme :

"Dieu croit
en ses prophètes
Je crois 
en mes Poètes".


Pour en savoir plus sur "Ite missa est", vendu au prix de 15 €, vous pouvez contacter son auteur, Louis Savary, à l'adresse suivante : fc085359@skynet.be

vendredi 4 décembre 2015

"Le zizi confettis", de Fabrice Marzuolo


Autoédité sur Amazon et vendu au prix de 9,40 €, "Le zizi confettis", de Fabrice Marzuolo, de mon point de vue, aurait pu être publié par un véritable éditeur. 
Cependant, face à une offre éditoriale à la fois de bon ton et surabondante, je sais déjà que les livres autoédités vont se multiplier et qu'il conviendra de tenir compte de certains d'entre eux en les chroniquant.
"Le zizi confettis" est une suite de nouvelles, de contes, ou d'histoires courtes, comme des brèves de comptoir.
Placé en immersion dans un milieu urbain et plus particulièrement parisien, "Le zizi confettis" a tout de l'ambiance du roman noir et parle du prolétariat (presque un gros mot).
Ici, il est à peu près toujours question d'histoires d'amour qui finissent mal... ou pas ! Plus elles sont atypiques, plus elles ont des chances de finir bien, d'ailleurs.
Si les personnages de femmes sont peu flatteurs, les personnages de mâles ne sont pas non plus très reluisants, c'est le moins que l'on puisse dire ! Il y a de l'autodérision dans l'air !...
Par exemple : "Visiblement, le temps ne l'a pas épargné. Lui, tout ouvert à l'amour, ne doit plus être visité que par les courants d'air et la mousse des brasseurs. Quant à l'électricité, j'ai un solide vécu de déjanté pour savoir qu'elle ne fait pas sauter grand-chose chez ceux qui n'ont pas de plomb dans la cervelle".
Ainsi, on finit par rire de cette succession de portraits frappés par la désolation.
Et là, bien sûr, là où il faut en venir, c'est bien au style. Celui de Fabrice Marzuolo est brillant, tout en jeux de mots et images qui font mouche (c'est le cas de le dire, vous en aurez la confirmation en lisant "La mouche à bites").
Comme le résume l'auteur en 4e de couverture, dans un clin d’œil à Céline, "Le zizi confettis c'est l'école buissonnière des cadavres, le méat du cul de sac, le beau linge sale, des babioles pour un saccage".
Bref, une affaire de style !
Il y a enfin pas mal de raccourcis qui vous mènent tout droit du berceau à la tombe. Sauf que ces raccourcis tiennent la route.

Extrait du "Zizi confettis" :


"Ma bite m'a trop souvent servi de guide ! Pas facile, un homme est cerné par son corps. Pris dans sa chair, il est comme sous un bombardement démocratique. Faut qui se fasse tout petit, qui se rencogne. Parfois, il se relève. Il existe des hommes qui se retirent, qui se retranchent dans des hameaux perdus, des ours. Mais la bite leur mange le cerveau, ils deviennent fous, un jour ils tirent à la carabine tout ce qu'ils n'ont pas tiré avec leur pine. Celui qui maîtrise sa bite gagne sa liberté. Etrangement la puissance côtoie l'impuissance, c'est pourtant sur ce fil délicat qu'il jongle avec sa liberté. Mais, au bout du bout, que le fil soit d'or ou d'argent, l'homme ne sera que la marionnette"

"Documentaire humain", de Perrin Langda


"Documentaire humain" est le deuxième livre publié par Perrin Langda (après "Quelques microsecondes sur terre"), en l'espace de quelques mois, cette fois-ci par Walter Ruhlmann de Mgv2>publishing.
Ce recueil de poèmes pourrait d'ailleurs être sous-titré "Poèmes astucieux", tant l'auteur sait bien se servir des formes de langage modernes (par exemple, les langages sms ou java).
En fait, de thème de prédilection, l'espace extérieur, tendrait avec ce deuxième livre, à devenir forme d'expression, au moins à travers environ la moitié des poèmes.
Ainsi, Perrin Langda recycle la forme du calligramme (dans "Bigorneau", dédié à Morgan Riet), et pratique le vers décalé sur toute la ligne, ce qui a pour effet de mieux rythmer le poème.
Pour ce qui est du contenu de "Documentaire humain", l'auteur continue à imaginer des vies nouvelles, dans un climat marqué par le réchauffement climatique, ou bien illustre par l'image des effets scientifiquement démontrés, celui de la réplique sismique, par exemple.
En résumé, Perrin Langda s'intéresse au monde actuel, sans crainte des anglicismes. Et il a bien raison ! Et le tout avec de l'humour, en plus...

Extrait de "Documentaire humain" : 

"Pizza hunt

quand
femme
avoir
faim
homme
partir
vers
collines
de béton
armé
chasser
petit cerf
métallique
rougeoyant
homme
rester
caché
derrière
rochers
fleuris
près de
rivière
d'asphalte
homme
parfois
trouver
attente
longue
et traque
trop difficile
mais lancer
multiprise
comme bolas
électriques
quand cerf
cracheur
de brume
dévoreur
de bitume
passer enfin
et quand
homme
rentrer
sous soleil
pourpre
avec
disque de
pain
enduit
de sauce
tomate
femme
heureuse
car aimer
nourriture
italienne"

Enfin, je précise que l'illustration de couverture est d'Eric Demelis.

Pour en savoir plus sur "Documentaire humain", vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le blog de l'éditeur : http://mgv2publishing.blogspot.fr/