"Acoustique blanche mêlée de terre" de Samuel
Dudouit est un recueil de poèmes et de proses poétiques qui s'inscrit dans la
lignée de l'écriture surréaliste. Le recueil est préfacé par Alain Jouffroy,
dont le nom et pas mal de poèmes sont associés à ce courant. Et l'illustration
de la couverture est un collage qui peut être aussi qualifié de surréaliste.
Chose que j'aime bien : il n'y a pas de forme préconçue dans
ce recueil, les proses alternant avec les courts poèmes en vers libres, séparés
en six courtes parties.
Au delà de cette apparence éclatée du recueil, se
retrouvent plusieurs constantes.
La poésie de Samuel Dudouit me semble être une poésie de
l'instant, dans le sens où pouvait l'entendre André Breton. L'instant fatal.
Par exemple, cet instant se situe à 4 heures du matin. Mais cet instant peut
paradoxalement s'écouler dans le temps, comme à l'intérieur de pavillon dans
lequel sont enfermés - euh... pardon, non - sont hospitalisés des fous et/ou
des personnes âgées et/ou tout simplement des personnes malades. Ce peut être
enfin l'instant d'un jour de spleen baudelairien.
Mais à chaque fois, et sans avoir bouger, le poète nous fait
voyager dans les profondeurs de nous-mêmes, qui ressemblent... à des choses !
D'où cette impression de somnolence, de rêve éveillé qui se retrouve tout au
long du recueil.
L'écriture de Samuel Dudouit participe également de cette
ambiance. Fine dans ses évocations, elle aime aussi trancher dans le vif avec
des vérités dures, avant de reprendre son cours sinueux.
Un bien beau recueil, ma foi...
Pour vous en donner une idée, ci-dessous un extrait :
"Je n'attends que les moments où on m'abandonne. Un peu
de soleil, l'ombre des arbres qui vient jouer dans les rideaux transparents de
la pièce où ma chaise roulante est posée le matin, le silence à peine ponctué
des bruits lointains de la ville et ma bouche ouverte qui bave consciencieusement
sur mon gilet boutonné, une immobilité d'heures transparentes et vides, c'est
là mon évasion. Ils ne savent pas qu'ils nous ennuient. Ils ne savent pas que
le matin est ouvert et que dans notre pavillon, la mort barbote continûment
dans les marécages éteints de corps qui ne sont pas les nôtres mais les leurs.
Moi, dans ma bave lumineuse et mes yeux lavés au temps pur, mon silence chante
comme ces taches de lumière sur les murs".
Pour vous procurer ce recueil publié dans le collection
Polder de la revue Décharge et vendu au prix de 6 €, allez faire un
tour sur le site http://www.dechargelarevue.com/ ou écrivez à la revue Décharge, 4
rue de la Boucherie 89240 EGLENY.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire