"Après,
j'irai chanter", de Jean-Michel Robert, édité par "Gros textes",
regroupe en fait 3 textes : celui qui donne son titre au livre, un autre
inédit, "A jamais" et enfin, une réédition d'un recueil de 1997,
aujourd'hui introuvable, intitulé "Alice, Eugène, glissades".
Il y a
beaucoup de choses que j'aime dans ce livre, à la fois dans ce qui s'exprime :
véritable hédonisme de l'auteur (alors que ce mot est aujourd'hui, je
trouve, employé à tort et à travers dans un sens attiédi), humour noir,
auto-dérision. Et dans la manière dont c'est exprimé : poèmes en vers bourrés
jusqu'à craquer, surréalisme de certaines des images employées, sens de la
formule.
Bref,
tout ce qui paraît démodé pour l'époque mais qui moi, lecteur, me passionne et
me tient en haleine. Là, au moins, je n'ai pas besoin de me demander si c'est
de la poésie. C'en est, bien naturellement. D'autant plus qu'il y a beaucoup de
vie là-dedans.
Comme
pour illustrer la philosophie de la vie qui s'exprime dans "Après,
j'irai chanter", "Alice, Eugène, glissades" et "A
jamais" traite du sujet délicat de l'amour porté à des jeunes filles
"à peine nubiles", pour citer le commentaire d'Alain Kewes. En tout
bien tout honneur, car le sujet de ces amours est mis à distance, sitôt
approché.
Extraits
de : "Après, j'irai chanter" de Jean-Michel Robert :
"La
mesure
J'aimerais
trouver les mots à la mesure de cet étonnement d'être
ce cri
de nébuleuse dans une égratignure,
son fou
rire dans l'amour, cet acharnement dans le vertige.
Exister,
exister
sans dieu mais ronger de mystère, sans raison mais assoiffé, coïncidence
errante,
être soi
sans y croire,
mais
devenir obstinément; et cette trouille quand la présence s'impose... Oui,
j'aimerais trouver le rythme,
le
lyrisme de la stupeur."
Extrait
de "Alice, Eugène, glissades" :
"non
il n'est pas question de famille
ni de
linge sale il s'agit
encore
d'une fenêtre
enfoncez-vous
bien ça dans le reflet
mettez-le
vous dans l'éphémère
le
hasard pourra enfin respirer la lumière saine
celle
dont on ne fait pas les chandelles de dîner
ni les
dentiers de centenaires
celle
dont on ne fait ni de vieux os ni cheveux blancs
celle
dont on ne fait rien
qu'un
petit rire d'Alice
avant
qu'elle ne suce un sexe ou un naufrage
c'est à
peu près la même chose
pour les
rescapés qui croient
nager ou
espérer
c'est à
peu près la même bouée
il y
manque une tête de canard
c'est
triste".
Pour en
savoir plus sur "Après, j'irai chanter", de Jean-Michel Robert, vendu
au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://sites.google.com/site/grostextes/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire