"Ce peu de
soi", édité par les éditions "La tête à l'envers", regroupe
quatre cycles de poèmes en prose, au nombre de deux par page, successivement
intitulés : "Chasser du silence cette voix", "Ce peu de
soi", "Pauvre légende" et "Cette avide attente",
écrits entre 2011 et 2013.
Je n'insisterai pas
sur le style de ces proses, faites d'équilibre et de sobriété, alliance de
classique et de moderne. Bref, du métier sans affectation.
Bien qu'étant
traversées par un fil conducteur différent (la voix, les mots, le corps,
l'attente), ces quatre parties forment un tout, tant elles sont animées par des
préoccupations voisines, voire récurrentes dans les derniers textes publiés par
Michel Bourçon.
En effet, dans les
textes formant "Ce peu de soi", c'est l'insatisfaction qui domine, le
fait que, comme le dit Rimbaud, "la vie est ailleurs".
Parfois, c'est cette
voix obsédante qui nous dérange, tantôt c'est la pesanteur du corps qui empêche
de vivre autrement. Et bien sûr, les mots frappent par leur impuissance.
Devant les yeux de
l'auteur, existe toujours cette absence, sorte de no man's land qui figure la
séparation d'avec cette vie idéale, dans laquelle il ne serait plus besoin de
penser :
"Nous avons les
yeux grands ouverts sur ce qui nous laisse sans repos, que nous ne perdons
jamais de vue, les yeux qui s'agrandissent d'incompréhension, fourragent dans
cette absence de visage".
Dans ces proses,
lorsque le corps divorce d'avec l'esprit, le lecteur ne peut s'empêcher de
penser qu'il y aurait comme un appel à la foi religieuse, une soif de
transcendance.
Mais Michel Bourçon
nous détrompe vite à ce sujet :
"Nous nous
consacrons à l'attente, déclarons que jusqu'ici tout a eu lieu dans une autre
vie que celle qui est la nôtre désormais, sans voir que nous sommes toujours
dans cette pauvre légende, dont nous ne pouvons guère nous écarter. Ce qui nous
tient est cette volonté de ne pas vouloir s'y enliser. Nous restons debout,
sans trouver d'issue, le moindre regard peut être un appel à l'aide, auquel
seule la clarté du jour répond".
Donc, il n'y a point
de salut, mais un éternel recommencement de ces tentatives visant à s'échapper
de soi.
Hélas. Car nous
voudrions parfois la saisir, cette absence, afin qu'elle ne nous échappe plus,
enfin...
Il est à noter que
cette quête, par l'emploi du pronom personnel "nous", concerne la
condition humaine en général, plutôt qu'un être en particulier. C'est
effectivement le lot commun à tout roseau, lorsqu'il est pensant !
Je précise que
l'illustration de couverture est un fragment de peinture de Renaud Allirand.
Pour plus
d'informations sur "Ce peu de soi", de Michel Bourçon, vendu au prix
de 16 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur :
http://www.editions-latetalenvers.com/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire