Ce qui surprend
et ce qui me plait dans "Fer cranté", c'est surtout la puissance
d'écriture dont fait preuve Christophe Lévis.
Il est
très rare de lire en poésie des textes qui ont la force d'un coup de poing.
Cela me manque parfois, car je ne suis pas persuadé que la poésie doive être le
royaume de la douceur (pas plus que le rock, par exemple)...
En voici
un exemple :
"(dans les soubassements de l'hypocrisie
on déraisonne à tort
sur la contrefaçon
des sens
leurs subjectivités parviennent à nous faire croire
que les cimes s'atteignent un jour
dans l'arrachement
d'un grain de paix soyeux
dans la rotonde cerclée de feux
qui s'abîme sous tes ongles sanglants...)"
En apparence, les poèmes ici publiés évoqueraient plutôt une lutte à mort qui se
poursuivrait indéfiniment dans des catacombes, outre-tombe même.
Mais en
définitive, le lecteur s'aperçoit peu à peu que cet enfermement est symbolique
et qu'il nous touche tous.
Ainsi,
Christophe Lévis s'en prend surtout aux conventions sociales, qui nous
empêchent de dire ce que nous pensons, et plus grave encore, d'être ce que nous
sommes. Le supplice vécu serait donc celui de la tyrannie des apparences :
"(comment dire le mal
certains le font très bien
et parlent fort et acerbe
de petites piques sur ces langues fières
les cerbères dévissent
dévident
des pavés dans la mare
le canard est mort
ils viendront cracher
sur son corps
et marcher dans la merde
le sang et la mitraille
accrochés à ses ailes)"
A cet
égard, la conclusion laisse l'espoir d'une rédemption, qui cette fois-ci
encore, ne serait pas forcément d'outre-tombe :
"(Après
que deviendrons-nous ?
Qui
s'occupe de nos cendres, de nos galimatias ?
Qui
pourfend la tonsure, qui pourfend cette horreur ?
Qui se
lève un matin en préférant offrir plutôt que succomber ?
Nous
sommes en chemin...)"
Pour
vous procurer "Fer cranté", vendu au prix de 6,10 €, rendez-vous sur
le site de l'éditeur : http://encresvives.wix.com/michelcosem
La
couverture du recueil est d'André Falsen.
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