Voilà un recueil à la reliure collée qui présente bien, et
pourtant, ce n'est pas un recueil de fayot. C'est même tout le contraire. Et à
y regarder de plus près, il y a de l'originalité dans ce petit livre. Pas de
nom d'auteur, d'abord, indiqué dessus.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des livres comme ça ? Bien
qu'en coulisses, je sais que l'auteur est Jan Bardeau. Par contre, le titre,
"Jardin de Poussières" est redoublé. Et la photo n'a apparemment rien
à voir avec le titre et le titre n'a apparemment rien à voir avec ce qu'il y a
dans le livre. Autre caractéristique également : seuls les poèmes sont numérotés
et non les pages.
"Jardin de Poussières" démarre à fond la caisse comme un
hymne à la vie, à la liberté, malgré toutes les contraintes du monde actuel. Ce
bel optimisme s'efface petit à petit car il faut toujours compter sur la
laideur des centres commerciaux, le pouvoir des médias et de tous ces gens
cupides, la force de séduction du capitalisme, et l'impuissance de nos paroles.
Malgré tout, ce n'est pas trop grave, car à la fin du recueil,
l'insouciance demeure intacte.
Quant au style, il est emporté, fleuri de mots rares ou incongrus
dans le contexte. ça change !
Ce style semble dériver de la typographie employée, difficile à
déchiffrer au début, mais à la fin, les caractères s'éclairent, comme si le
lecteur était gagné par l'humeur de l'auteur...
"Je n'ai pas peur, on ne peut me toucher, et si je souffle le
sang,
je n'ai pas peur on ne peut me toucher, et si mon menton
s'épaissit de vomi, je n'ai pas peur, on ne put me toucher,
et si ma famille se crispe au sol tordue
coupée, je n'ai pas peur, on ne peut me toucher,
et si le visage des tueurs hante les allées,
je n'ai pas peur, on ne peut me toucher, et si partout
ils meurent, et leurs membres se détachent pourrissent
et leur haine s'effondre sur la douleur
d'un ultime spasme et leurs crimes corrompent la Terre
empoisonnent leurs chairs, je n'ai pas peur, je n'ai pas peur
mes lèvres babinent, je n'ai pas peur,
mes yeux éructent, je n'ai pas peur,
la cendre me couche, la poussière
m'habille, on ne peut me toucher, on ne peut me toucher."
Pour vous procurer un exemplaire de ce recueil, écrivez tout
simplement à Jan : disharmonies@free.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire