Cette fois-ci, Samuel
Dudouit se sert du symbole de la planche pour prendre son envol dans
l'écriture. Et qui plus est, dans ce livre, l'auteur parle avant tout
d'écriture. A cet égard, la planche peut symboliser le support de l'écriture,
comme le texte lui-même, ou cet alignement de mots parallèles aux fibres du
bois.
Mais au lieu de
s'enfermer dans cette métaphore somme toute rigide, Samuel Dudouit a l'élégance
de nous donner à lire une suite d'images, qui ressemblent à des planches de
dessins. Et finalement, le lecteur voit défiler devant lui un paysage mental à
chaque fois renouvelé. Du coup, cette suite de poèmes sur l'écriture se lit
très bien, sans que la théorie philosophique reprenne le dessus.
En même temps que ces
images est décrite l'impossibilité à laquelle le poète se heurte, de décrire la
réalité réelle. Et ces maudits mots s'échappent encore et toujours pour créer
une autre réalité, la leur, qui n'est jamais vraiment celle que voudrait écrire
l'auteur.
Ce phénomène auquel
chaque auteur se trouve naturellement confronté quand il écrit, est ici raconté
avec naturel.
Car derrière les mots,
il n'y a que l'impuissance. Et parfois, bien que cela soit difficile à
admettre, le pouvoir des images consiste ici à rendre l'acceptation plus douce.
Un bien beau recueil
de poèmes, bien écrit, sans que cela se voie trop !
"le ruisseau
coule au pied du lit
des batraciens à peau
froide s'accrochent au bas des draps
tandis qu'à mon
poignet une montre semble chercher mon pouls
j'ai perdu le fil
il n'y a rien à
comprendre sans doute
et quand j'éclaire le
cadran avec la flamme du briquet
tout reste obscur en
moi
excepté la terreur de
s'éveiller sur cette planche
hors du monde"
"Planches"
est publié aux éditions p.i.sage int.érieur, 11 rue Molière 21000 DIJON,
http://www.p-i-sageinterieur.fr
Et le livre, très joliment
maquetté, est vendu au prix de 8 €.
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