Avec
ce recueil de proses poétiques, Cécile Guivarch poursuit sa quête de passé
familial.
Sauf
qu'ici, "Renée, en elle" m'a paru plus grave et plus touchant que,
par exemple, "Le cri des mères". Cela vient bien sûr de son thème. En
effet, l'auteur s'intéresse ici à une aïeule décédée folle en 1817, à force
d'avoir donné naissance à des enfants morts, et même si trois d'entre eux ont
survécu.
A
mes yeux, ces proses ont une signification qui va au-delà des convictions ou de
l'instinct maternels, même si le parallèle est fait entre les naissances
d'aujourd'hui et d'autrefois.
Il y
a bien sûr cette quête des origines, mais aussi et surtout le mystère de la
présence de l'auteur sur la terre et ce lien qui nous unit, par-delà les époques,
dans une même chaîne du temps. Il semble que donc que la puissance de la pensée
est la seule chose vraiment éternelle. Ainsi, écrire de la poésie consiste à
incarner cette pensée. Et Cécile Guivarch parvient à traduire cette émotion-là,
d'une qualité rare.
Le
style de "Renée, en elle" est sans chichis, sans artifice de langage,
ce qui me prédispose à l'apprécier, y voyant là un signe de franchise et de
simplicité.
En
voici un extrait :
"Je
la trouve certains jours d'un bout à l'autre, comme éparpillée. Elle est faite
de fragments et ils ne sont pas toujours en ordre. Des morceaux d'elle. Comme
dans son ultime demeure, en pièces. Avant la fin de son histoire elle s'est
mise à penser en morceaux. Parfois, elle avait le regard dans le vide, elle le maintenait
ainsi, au départ quelques minutes, puis un peu plus. Par moment, il y avait
comme une lueur dans ses yeux et elle se mettait à parler, à raconter un
épisode de sa vie. Ce n'était jamais long, juste quelques phrases. Puis, elle
se remettait dans le cours de la vie, à cuisiner, à laver le sol ou à ramasser
les pommes de terre".
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l'éditeur (Editions Henry) : http://www.editionshenry.com/
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