"Triptyque",
de Marie-Anne Bruch, que vient d'éditer "5 sens éditions", est un
livre anthologique réunissant 4 recueils différents par la forme, mais unis par
le trait d'union de la sensibilité.
Ces quatre recueils
sont : "Feue l'étincelle", "Plumes dans le vide", "Les
frontières intérieures" et "Voix croisées" (ce dernier texte
étant écrit en collaboration avec Denis Hamel).
Ainsi, alors que le
premier recueil de ce volume est constitué de sonnets (rimés), les autres se
composent de poèmes en vers libres ou de proses.
Je suis toujours de
l'avis de ceux qui pensent que la voix de la poésie porte plus loin quand elle
n'est pas avant tout un jeu formel et notamment lorsqu'un trop-plein de vie
intérieure l'anime. Eh bien, c'est le cas ici, ce trop-plein générant des
images et des raccourcis troublants, comme en témoigne par exemple ce texte :
"L'Enigme des choses
Dans chaque chose
il y a
une rose, un
labyrinthe
et une porte.
Contrairement à ce
qu'on pense
la porte n'est pas
au fond du labyrinthe.
La poésie semble
montrer
que la rose
n'est pas très loin de
la porte.
Il est difficile de
cueillir la rose
sans désirer entrer
dans le labyrinthe.
Il est presque
impossible
d'ouvrir la porte
sans avoir respiré la
rose.
Dans ce poème
comme ailleurs
cherchez la
porte."
Ma préférence - par
contre, ce n'est pas original, surtout venant de moi, en tant que lecteur - va
aux poèmes dans lesquels l'amour est malheureux, sans doute parce que dans ce
cas, le poème parle de tout ce qui ne va pas dans le monde, et non plus
simplement de l'être aimé.
En outre, l'écriture
de Marie-Anne Bruch se coule parfaitement dans les sonnets, à la fois
respectueux des règles de versification, mais aussi naturels dans leur
expression :
"Ségur, 2001
J'habitais en ce temps
un quartier morne et chic,
Mélange de bars lounge
et d'échoppes désertes,
Des arbres projetaient
leurs longues ombres vertes
Le long du boulevard à
l'incessant trafic.
J'étais en couple
alors et je coulais à-pic
Puisqu'aimer c'est
souvent souffrir en pure perte,
Le chagrin m'épuisait
et me rendait inerte,
Puis souffrir devenait
une sorte de tic.
Nous passions chaque
soir en querelles absconses,
Les mêmes arguments et
les mêmes réponses
N'aboutissaient jamais
qu'au même noir sommeil.
Tout le reste du jour,
j'errais comme un fantôme
En mal d'amitié vraie,
indifférente au dôme
Des Invalides, dont
l'or brillait au soleil."
Pour vous procurer
"Triptyque", de Marie-Anne Bruch, vendu au prix de 12 €, rendez-vous
sur le site de l'éditeur : http://www.5senseditions.ch/
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