De
la musique avant toute chose, comme disait l'autre ! Je commençais à croire que
l'on avait oublié ce principe de base en poésie, mais là, non !
Je
pourrai même dire : ici, ce serait plutôt : de toutes les musiques
avec toutes choses, ce qui reflète bien la variété d'inspiration de ce recueil,
la richesse de ses champs lexicaux, pas si habituelle qu'elle en a l'air, comme
le montre, par exemple, l'emploi de mots étrangers ou tout simplement assez
rares (globish, fario, primus, maki, péniens, bornoie...).
D'ailleurs, Guillaume
Decourt est pianiste classique, comme l'explique sa biographie, et je crois que
cela s'entend dans ces poèmes là, surtout. En plus, ici du moins, il parle
fréquemment de la musique, sur tous les registres de la vie.
La
forme des poèmes n'est pas non plus unique : souvent, il s'agit de textes en
proses (la première fois que je lis des textes en prose de cet auteur, si mes
souvenirs sont bons), et d'autres fois de poèmes en vers, sans plan apparent,
en tout cas, hors de toute rigueur formelle.
Ce
qui m'a surtout plu dans cette lecture d'"Un ciel soupape", ce qui
suffit pour moi à en faire un très bon recueil poétique, c'est la variété de
son inspiration et la puissance de son expression, ironique, qui va au delà des
apparences, qui se joue de soi-même et/ou des autres, nombreux.
Pour
un peu, et c'est très bon signe pour moi, j'ai l'impression de retrouver à
travers cette lecture le travail d'as de l'expression poétique, certes un
peu démodés pour certains, mais tellement efficaces, comme Jean Rousselot, par exemple.
Vous
l'aurez deviné : il y a du surréalisme, mais surtout de la vie, dans ces poèmes
qui parlent de plein de choses à la fois et à la suite l'un de l'autre,
littéralement et dans tous les sens, comme disait un autre l'autre...
A
lire ce recueil, il semble que Guillaume Decourt ait une véritable personnalité
de poète, qu'importe que ce soit ou pas dans la vie, l'important c'est qu'elle
existe au moins quelque part, dans l'absolu par exemple.
Un seul poème sorti
au hasard des pages :
"Berceuse
Il
ne faut pas admonester un martyr
Il
s'en sort à peu près bien tout seul
Et
se flagelle et se moleste
Et
se frelate et s'en veut
Pour
je ne sais quelle raison
Jadis
Il
m'arrivait la nuit de ronger
Les
lumières du martinet
Certes
Mon
subterfuge était sans doute
Un
peu niais
Cependant
je mène un train de vie
Bien
particulier
Un
train de vie de boxeur
Et
j'en encaisse croyez-moi
J'essuie
des entourloupes
Des
crocs-en-jambe
Et
des coups
Au-dessous
de la ceinture
Mais
tout cela ne m'atteint plus
Car depuis
quelque temps
Il
me pousse une paire de défenses
Abominables
et gigantesques
On
pourrait même y suspendre un hamac
Et
s'y laisser bercer
Indéfiniment
par mon souffle
A
l'ombre de moi-même"
Eh
ben voilà, ça, c'est de la poésie !
Pour
en savoir plus sur ce recueil, contacter l'éditeur, Sac à mots édition, La
Rotte des Bois, 44810 LA CHEVALLERAIS, 15 €, http://m.morillon.carreau.free.fr/sacsamots/sacamots.html, ou auprès de l'auteur : guillaumedecourt@hotmail.fr
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