Comme son titre l'indique, ce
premier recueil de poèmes de Yann Dupont, édité par Hugues Facorat Édition,
évoque les ambiances industrielles. Sauf que ce terme est à prendre au sens
large. Ce qui est industriel, ce n'est pas que l'usine, mais les abords des
voies de communication, et la ville aussi, et notamment ses chantiers à ciel
ouvert, qui peuvent servir de repaires pour des arbres isolés et donc pour les
oiseaux.
Tout de même, le lecteur observe dans ces « Brumes industrielles » une persistance du port
d'attache de l'auteur, en l’occurrence, Le Havre. Avec cette histoire
traditionnelle des marins perdus sur la terre ferme et des putains qui sont là
pour les accueillir.
Il n'y a cependant aucune
tristesse dans ces pages. Les acteurs fantomatiques de ces brumes ne sont
jamais perdus. Car justement, ils se confondent facilement avec les objets qui
leur servent de support.
Par exemple dans ce poème :
« Il
y a des paquebots dans la ville aux allures de
putain
La corne de brume et la lumière du phare n'y
peuvent rien
Son fard a coulé depuis longtemps
La guerre
Aujourd'hui elle a la gueule d'un matin gris
Le soir venu elle parade dans la brume et la nuit
Les immeubles s'écartent sur le quai les paquebots
déchargent
D'une giclée leurs passagers »
L'autre caractéristique
importante de ces « Brumes industrielles » est la musicalité des
textes qui composent le recueil. Cela se voit surtout lorsque les poèmes sont
courts :
« La
rue des livres aux passants une bise des maux les délivre une brise la rue des
mots passants sur leurs lèvres cerises aux vers ivres dépose un baiser de
liberté »
Ou encore :
« L'arbre de métal rouillé aux branches articulées
déambule les soirs de lune
Sous un porche esseulé il embrasse un lampadaire
dans le galbe de
l'ampoule »
On trouve aussi parfois la poésie des instants "à usage unique" :
« Il s'assoit dans
l'urinoir Montparnasse
Le train va entrer en
gare »
En résumé, « Brumes
industrielles » est un texte de réhabilitation des ambiances urbaines qui
fonctionne bien.
J’ajoute pour finir que
l'illustration de couverture est de Pierre Lenoir Vaquero.
Si vous souhaitez en savoir sur
ce recueil, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de
l'éditeur, Hugues Facorat Édition : http://www.hfedition.com
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