Ce court recueil, composé d'une
vingtaine de poèmes, dernier né des éditions Potentille, me rappelle des
souvenirs.
C'est comme si j'y étais, à vrai
dire, plus de vingt ans en arrière, en train de cueillir des pommes à la fin de
l'été, avant d'en remplir des caisses (pallox).
Dans « prés poèmes et
pommes », Thierry Le Pennec évoque ce travail-là, en tant qu'exploitant
d'une terre, depuis la récolte des pommes jusqu'à leur vente (directe).
Mais attention, il n'en parle pas
comme un patron parlerait d'une possession qui ne lui échapperait pas.
Car dans la culture, tout est
affaire de climat, de saisons, et les récoltes varient selon les années. Mieux
vaut donc toujours rester humble avec la terre. Et puis, cette dernière nous
enseigne à comprendre que nous ne sommes pas éternels.
Dans ces courts poèmes, sauf
exceptions écrits en vers, et qui comportent souvent des vers
décalés, je ressens le plaisir du geste bien fait, parcimonieux, comme du mot
juste, et en même temps, ce qui résiste, peut blesser, écharde comme matière
lourde à porter.
Le parallèle entre l'écriture du
poème et la culture est naturel, mais n'est exprimé par chance qu'une seule
fois, au tout début. Car écriture et culture sont deux choses bien différentes
l'une de l'autre, l'écriture étant, malgré tout, une facilité, ne
serait-ce que d'un point de vue purement physique :
« dans l'amitié des bêtes
et des plantes »
et ça dure et ça tire
en longueur les heuresqu'on passe à
serrer des fruits à la fin
d'un automne et dans l'odeur
des feuilles mes gouttes
continûment aux bottes
lourdes du soir au matin
tintin ça repasse
comme un disque rayé
tournant sur la platine du ciel,
étourneaux ».
A signaler également les titres
des poèmes, pas du tout classiques, et même plutôt déconnants :
« prod », « Ash Ra Temple », « au taquet »,
« 1991 », « flux, faix, concaténations » etc.
Et en guise d’extraits, le seul
poème du recueil qui semble n'avoir pas besoin de titre :
« en le plus
infime
des gestes celui
de détacher un
fruit
de son pédoncule
que ne suis-je en cet état toujours
Agissant dans le
cosmos d'un champ
sous son ciel
labouré de mille et un vents »
A qui le dis-tu !
Le dessin de couverture est de Benoit Le Pennec.
Pour vous procurer « Près poèmes et pommes », de Thierry Le Pennec, vendu au prix de 8 €, contact (chez l'éditeur) : http://potentille.jimdo.com/
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