« Simplesses », qui est
édité aujourd'hui par « Encres vives », dans la collection Encres
blanches, est l'un des rares recueils de poèmes publiés par Jean-Marie Alfroy,
romancier d'abord publié chez... Gallimard et aujourd'hui rédacteur en chef de
la revue « Cahiers de la rue Ventura ».
Il y a beaucoup de couleurs dans
ces poèmes mêlant paysages, époques et ambiances différentes.
Comme le résumé en accéléré d'une
vie, parsemé d'auto-dérision.
Il y a aussi beaucoup de
puissance dans cette succession de courts poèmes en vers libres, mais volontiers plus longs que des alexandrins, fait assez rare pour être signalé.
Enfin, c'est le mouvement qui
caractérise ces textes. On y retrouve un peu de l'imagerie américaine, celle
des Beatniks et du jazz (ou du blues).
Cependant, ces influences sont
intégrées dans notre bonne vieille province de France, qui a son charme, parce qu'hétéroclite.
D'ailleurs, pourquoi
s'étonnerait-on de la variété de ces poèmes, quand les devantures de nos
magasins empruntent à tout ce qui est à la mode dans les images ?
Au final, ce qui transparaît dans
« Simplesses », comme dans beaucoup de poésies, malgré l’humour,
c'est le regret des choses ou êtres qui sont partis.
Extraits de
« Simplesses » :
« C'était comme un exode
au volant d'une Peugeot noire.
La nationale fendait les
départements mieux qu'un sabre
et nous roulions au son des
wah-you-do-you-ah. »
***
« la ville est lasse
d'avoir tant travaillé pour le roi de Prusse.
Ses toits se creusent et
pèlent comme des épaules brûlées par des soleils mal invités.
Ses trottoirs s'effondrent
sous les pas incertains d'ivrognes plus honteux que des douairières oublieuses
du code de leur coffre. »
***
« Vous êtes les sœurs
lentes qui cheminez sous les ombrages,
pensives comme ce bétail que
vous ignorez superbement.
Sans remords ni haine, fières
comme des déesses ,
vous souriez à des anges sans
ailes ni motocyclettes.
Vous n'êtes pas si belles que
sur vos photos,
mais tellement plus
archaïques.
Ça rassure. »
L'illustration de couverture est
également de Jean-Marie Alfroy.
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