Publié par les éditions isabelle sauvage, "Otok" de Lou Raoul est le récit d'un séjour de l'auteure en Croatie, dans ce pays qui a connu la guerre il n'y a pas si longtemps.
Ce livre semble à mes yeux s'inscrire dans une suite des textes précédents publiés par Lou Raoul.
En effet, le personnage d'Else présent dans les autres textes y est évoqué, et j'en découvre d'autres : Kim (dédoublement d'Else), et aussi Mladen, Tea.
Alors, il s'agirait donc plutôt de poésie narrative. En apparence, oui, mais pas vraiment.
Les noms employés agissent comme des typologies, et non comme des êtres humains individualisés. Mladen pourrait être un personnage masculin, Tea, un personnage féminin, ces deux typologies se rencontrant à tout bout de chemin dans ce pays que l'auteur ne connaît pas, avant d'y être.
De plus, l'emploi systématique du conditionnel met de la distance avec la réalité, comme si ce qui a été vécu aurait pu l'être mais ne l'a pas été.
C'est amusant, parce que la plupart du temps, dans d'autres textes, la poésie est vécue comme étant l'appréhension d'une réalité difficile à saisir.
Ici, la démarche est inversée (tout comme les phrases d'ailleurs, fréquemment). La poésie naît plutôt de la distance mise avec la réalité par l'emploi du conditionnel, le recours à ces typologies, et aussi bien sûr, l'emploi de mots étrangers non traduits. On ne sait pas de qui il est question, on ne sait pas quand. Mais des scènes de rues se sont produites dans ce pays lointain, dont les souvenirs douloureux passent par les non-dits.
Extrait de "Otok", de Lou Raoul :
"Tea ce jour-là jeune femme ongles vernis noirs ou marron glacé serait à genoux mains jointes dans l'église Sveti Dominik tandis que Mladen l'homme jouant de la guitare dans la rue plusieurs fois aurait traversé la Manche à bord de cargos où il aurait été électricien la lune atteignant le premier quartier monterait vers la pleine lune monterait encore, la plaque d’immatriculation du camion bleu garé Mihanovića ulica serait bien visible à l’intérieur de la cabine tout près du pare-brise tous les alentours l'arrière-pays seraient arides et désertés et l'autoroute vers Zadar quasiment déserte aussi en cette après-midi du 9 décembre les chaussons des danseurs de ballet frôleraient le sol de la scène léger serait le bruit de leurs pas légers les pas de Mladen sur les sentiers au-dessus de Gornje Sitno légères les mains de Tea cousant créant des vêtements dans sa boutique de la vieille ville"
Si vous souhaitez en savoir plus sur "Otok", de Lou Raoul, qui est vendu au prix de 13 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.editionsisabellesauvage.wordpress.com
"Tea ce jour-là jeune femme ongles vernis noirs ou marron glacé serait à genoux mains jointes dans l'église Sveti Dominik tandis que Mladen l'homme jouant de la guitare dans la rue plusieurs fois aurait traversé la Manche à bord de cargos où il aurait été électricien la lune atteignant le premier quartier monterait vers la pleine lune monterait encore, la plaque d’immatriculation du camion bleu garé Mihanovića ulica serait bien visible à l’intérieur de la cabine tout près du pare-brise tous les alentours l'arrière-pays seraient arides et désertés et l'autoroute vers Zadar quasiment déserte aussi en cette après-midi du 9 décembre les chaussons des danseurs de ballet frôleraient le sol de la scène léger serait le bruit de leurs pas légers les pas de Mladen sur les sentiers au-dessus de Gornje Sitno légères les mains de Tea cousant créant des vêtements dans sa boutique de la vieille ville"
Si vous souhaitez en savoir plus sur "Otok", de Lou Raoul, qui est vendu au prix de 13 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.editionsisabellesauvage.wordpress.com
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