Édité dans la collection Polder de la revue
Décharge (supplément au numéro 174), « Un récit » est le premier
recueil publié de Chloé Landriot.
Ce texte est en fait un récit primordial,
celui de la genèse des éléments qui composent la terre : pèle-mêle, air,
minéraux, eaux, végétation, arbres, bêtes et êtres humains (d'autres bêtes un
peu spéciales).
À cet égard, je précise que ce récit n'est
pas religieux, mais plutôt athée. Et d'ailleurs, ça se gâte quand l'homme a
voulu se rendre maître de la terre et de la vie, à l'ère de raison, grâce à la science, ce qui nous rapproche
dangereusement de notre aujourd'hui.
Après une illustration
couleur qui symbolise la destruction de toute vie par les eaux, « Un récit » s'achève sur une note à la fois
pessimiste et optimiste, car la fin des anciens hommes, c'est le début des
nouveaux, dont on peut encore espérer quelque chose.
Dans sa préface, Jean-Pierre Siméon a raison
de souligner le lyrisme de cette poésie. Cela me semble, en effet, caractériser
le style de Chloé Landriot. Quelque chose d'ample aussi, de confiant en la
nature, qui avance, sans être brisé dans son élan.
Extrait de « Un récit » :
« Nous avons été des arbres
Et le temps pour nous n'avait pas la même
couleur
De notre apparition il n'est nul souvenir
Nul ne dit notre histoire
Pourtant chacun la sait au plus profond de
soi
Nous avons été des arbres
Sans effort nos racines
Ont lentement plongé dans le sol
Faites pour épouser pour embrasser la terre
Pour l'étreindre sans fin au-delà de la vie -
Jusque dans notre mort nous épousons la terre
Amants indéfectibles - (...) »
Les illustrations (dont celle de couverture) sont de An Sé.
Les illustrations (dont celle de couverture) sont de An Sé.
Je ne peux que partager votre enthousiasme pour ce récit au souffle qui se gonfle comme une voile et qui s'étouffe car l'homme ancien est son épine, et pourtant, il y a cette onde qui fait route, et la beauté, et cela sauvera - peut-être.
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