dimanche 4 juin 2017

"Le cargo de Rébétika", de Guillaume Decourt


Huitième livre de Guillaume Decourt édité en six ans, "Le Cargo de Rébétika", publié par les éditions Lanskine, est le récit d'un séjour (de l'auteur ?) qui se déroule sur un lieu non défini.

En tout cas, ce séjour est un îlot temporel de douze mois dans la vie de son protagoniste.

On retrouve au fil de ces poèmes, des personnages typiques, dont voici à peu près l'ordre d'apparition : l'acupuncteur, Grupetta, un fauve (sale), Rébétika, Le tenancier de l'embarcadère, Aristide. Une succession de lieux aussi revient : la dune aux outrages, l'hôtel de l'existence, le Tombeau, la fontaine aux Affins. Et enfin, ce cargo de bananes qui n'arrivera jamais, en fin de compte.

Dans "Le cargo de Rébétika", le narrateur connaît deux liaisons avec Rébétika et Grupeta. On pourrait parler à cet égard d'obsession, tandis que dans cet espace, hommes et femmes semblent eux aussi obéir à leurs propres obsessions, pour lesquelles ils semblent avoir été construits, même si souvent, ils ratent leur mission (s'agissant par exemple de l'acupuncteur).

Dérision et préoccupation pour ces deux femmes, avec un soupçon de tendresse pour tous : voilà comment peut être résumée l'attitude de l'observateur de ces personnes d'inventaire.

Cette attitude contamine aussi le lecteur, car les images se succèdent à une telle cadence dans ces poèmes qu'il est difficile, parfois, de savoir de quoi il est question. De miracles inutiles peut-être ? 

En témoigne ce poème :

"Un feu de jupes se propagea sur toute
la surface à lapider. Ce n'était ni le sextant ni le brûlis qui générait
les pertes. Un animal douteux tirait avec
ardeur des panerées de friandises tandis que des enfants
léchaient la terre meule. On voyait des bocaux s'agiter
à leurs lobes terrestres."

En tout cas, la gravité finit par l'emporter. Et le séjour s'achève sur un poème en vers rimé, mais au rythme boiteux (de 7 et 3 syllabes), comme si l'auteur quittait son livre en traînant la patte :

"J'ai perdu mon panama
sur le port,
cette négligence m'a
fait du tort.
On n'est rien sans couvre-chef
aux abords
des femmes, j'ai des griefs
depuis lors.
C'était un beau panama,
large bord,
tissé en bombanaxa
pas retors.
J'en veux à la brise, au soir.
On a tort
de me moquer, l'accessoire
revigore.
C'était un vrai panama
de consort.
Je me sens démuni, las,
sans ressort."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Le cargo de Rébétika", de Guillaume Decourt, qui est vendu au prix de 12 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.editions-lanskine.fr/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire