« le caractère sacré »
de Xavier Frandon, est son deuxième recueil de poésie, publié cette fois-ci par
les Éditions du Cygne, après « L'adieu au Loing », édité par le
Citron Gare en 2016.
Assurément, ce livre ne se laisse
pas résumer facilement. Il résiste à l'analyse habituelle et sa valeur poétique
vient en partie de la richesse de climats qu'il développe, faisant alterner le
chaud et le froid, l'ironie et le sérieux, la provocation et la gravité.
Premier constat : comme dans
« L'adieu au Loing », « Le caractère sacré » se compose de
poèmes mesurés, qui, souvent, sont des sonnets.
Ce format d'écriture convient à
merveille à l'auteur qui n'a même pas besoin de faire rimer les mots pour
composer des poèmes qui soient en vers que l'on dirait classiques. D'où leur
caractère rythmé qui donne au style de Xavier Frandon son originalité
inimitable. Pensez-vous : en 2017, des poèmes dont on sent qu'il ne peut
s'agir de proses découpées en vers !…
Deuxième constat : derrière
la variété et la richesse du champ lexical, en définitive, le lecteur finit par
se convaincre que le principal sujet de ces poèmes est la poésie et le poète,
ce qui est confirmé par la 4e de couverture.
Mais là où, la plupart du temps,
on tombe dans la tautologie primaire, du style « la poésie est la
poésie » (bien joué les gars, j'y aurais pas pensé!), avec Xavier Frandon,
le lecteur ressent une sincère préoccupation de faire rentrer la poésie dans
d'autres mondes que le poétique.
Il y a aussi ce réflexe pour le
poète de se planquer, qui sait, par pudeur, derrière la variété de ses mots. On
sent toujours ce bougé de l'auteur qui n'a pas envie d'être saisi, ce qui ne
peut que plaire à un lecteur peu amoureux des évidences...
Extrait de "Le caractère sacré", de Xavier Frandon :
"Je suis trop matérialiste ce soir pour écrire
Un roman - une buse sur un poteau au bord...
De l'autoroute - un oignon émincé dans sa peau
De discours - mon dieu que je m'en veux de m'étendre !
Si on ne me publie pas, on ne me publie pas
Mes textes, et rien d'autre quand je m'en irai
J'espère aurais-je ce choix de vous dire encore comme
Je vous aime, mes alter ego, mes flashs amers...
Je dis : ;;; la mer, et je dis les oiseaux, ... mais il
Fait nuit, c'est... le soir poussé à sa limite
Et je m'y assagis... à cause de la fatigue.
Il y a peut-être.. un autocrate, qui, de son dédain,
Nous appelle avec raison. S'il le pense... au fond...
Ce soir je pense que la poésie... est très grave."
L'illustration de couverture est de MAAP.
Cette chronique, à propos du style de Xavier Frandon, touche dans le mille. MCDem.
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