71e volume de la collection "Bookleg" des éditions Maelstrom, "L'oreille arrachée", de Florent Toniello est un recueil de quatre poèmes (en prose pour le dernier) et une épitaphe, au titre énigmatique.
Sous titré "Bruxelles se conte histoires urbaines à dire", "L'oreille arrachée" se propose en fait de ressusciter quelques-uns des morts du cimetière du Dieweg, qui se situe dans la commune bruxelloise.
La référence à la "Spoon River Anthology", d'Edgar Lee Masters, est explicite, puisqu'un fragment de ce cycle de poèmes, où est résumée la vie de gens morts, figure en liminaire.
La référence à la "Spoon River Anthology", d'Edgar Lee Masters, est explicite, puisqu'un fragment de ce cycle de poèmes, où est résumée la vie de gens morts, figure en liminaire.
Il faut dire qu'il y a beaucoup de travail à les ressusciter, ces morts, car les photographies montrent des tombes en piteux état, la nature reprenant ses droits sur la pierre.
Ainsi, ce texte se caractérise par son caractère résolument narratif, l'auteur se faufilant sous la pierre et prenant la place de ces disparus pour résumer leur vie.
On y croise donc l'histoire détaillée d'un (riche) négociant en vin trompé par sa femme, d'un chasseur victime d'un accident mortel, d'une artiste très années folles, et d'un cobaye envoyé dans l'espace avant de revenir en boomerang dans sa tombe terrienne.
Le style de Florent Foniello est puissant (le nombre des pieds des vers se rapproche plus de l'alexandrin que du haïku), on s'y croit, dans ces histoires, toute séparation entre passé et présent est abolie.
Si je puis dire, l'écriture de l'auteur se caractérise par ces chutes qui tuent. Comme, par exemple, dans l'épitaphe de "Le temple du sommeil" :
On y croise donc l'histoire détaillée d'un (riche) négociant en vin trompé par sa femme, d'un chasseur victime d'un accident mortel, d'une artiste très années folles, et d'un cobaye envoyé dans l'espace avant de revenir en boomerang dans sa tombe terrienne.
Le style de Florent Foniello est puissant (le nombre des pieds des vers se rapproche plus de l'alexandrin que du haïku), on s'y croit, dans ces histoires, toute séparation entre passé et présent est abolie.
Si je puis dire, l'écriture de l'auteur se caractérise par ces chutes qui tuent. Comme, par exemple, dans l'épitaphe de "Le temple du sommeil" :
"Oui j'ai pêché
j'ai trahi, j'ai vécu
j'ai aimé et j'ai tué
j'ai rimaillé aussi
faites de même
l'entretien des cimetières
est une notion toute subjective."
Autre extrait de "L'oreille arrachée", la première strophe de "Lyre noire" :
"J'ai dans mon temps caressé le dos de mille amants rasés de près
reçu les faveurs de mille maîtresses aux joues poudrées
j'ai joui sur des draps du jour dans des palaces où les
boys m'appelaient par mon prénom qu'ils faisaient précéder
de madame
les fourmis dans ma tête on titillé de leurs pattes les
interrupteurs de ma conscience
sur des airs de danse endiablés
lorsque je descendais d'un trait les cocktails vénéneux des
bars du centre-ville"
Les photographies (dont celle de couverture) sont de l'auteur.
Pour en savoir plus sur "L'oreille arrachée", de Florent Toniello, qui est vendu au prix de 3 €, rendez-vous sur le site de son éditeur, Maelstrom : http://www.maelstromrevolution.org/
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