Publié dans la collection Polder de la revue Décharge, "Atlas de l'invisible", de Gabriel Zimmermann, aborde le thème du deuil du frère, sous un autre angle, moins direct et plus passionnel que dans "Depuis la cendre", précédent livre de l'auteur.
Si je devais donner une teinte générale à cet ensemble de denses poèmes, je dirais qu'il est animal nuit.
Les deux parties qui composent "Atlas de l'invisible" et qui sont intitulées "Histoire des brèches" et "Cartographie de ce qui frémit", déclinent, de manière constante, cette couleur sombre.
Toutefois, il y a une distinction nette à opérer entre ces deux parties d'un même ensemble. Si dans la première, l'auteur semble rechercher, dans la nature, les indices de la mort, dans la seconde, son lyrisme s'enflamme dans un décor semblable, comme s'il cherchait à prendre à partie la nature, à cause de son deuil. C’est, du moins, ce qui semble être le cas, un instant. Mais non, ce n'est pas ça, il n'y a pas d'accusation, il s'agit plutôt d'une manière de vivre, d'une respiration, d'une force nouvelle.
Gabriel Zimmermann explique, d'ailleurs, nettement sa démarche dans plusieurs de ses poèmes, puisqu’un "lyrisme de rage" est revendiqué.
La démarche est originale, à une époque où, la plupart du temps, encore, toute manifestation de lyrisme paraît suspecte en poésie. Est-ce le début d'une nouvelle ère ?
J'ai toujours pensé, pour ma part, que le lyrisme poétique était aussi un gage de puissance, et non d'abattement. Tout dépend bien sûr comment c'est écrit.
Mais là, pas d'inquiétude !
Extrait de "Atlas de l’invisible", de Gabriel Zimmermann :
"Agonal
Déflagration, bien sûr ! Pour toi qui saisis les mots
(et je n'ai pas dit "emploies" ni "utilises"),
Toi qui remets ta vie en tout poème
(Oui, l'écriture en sa roulette russe),
Qui unissant la tourbe à la peau des dieux,
La sueur des chevaux à quelques affirmations d'étoiles,
La mue des serpents à un atlas illuminé,
Le quignon de pain à un rocher faisant appui pour l'éternité;
Déjouant les couleurs attendues : bleu de feuillage
Et blanc de la grotte où s'ennuient les poissons;
Brisant les répercussions répétées jusqu'à toi,
La musique où tu t'effrayais, te pétrifiais
(À nouveau, veille ici au vocabulaire),
Excitant la fureur comme on souffle
Sur la braise dans la cheminée;
Hurlant pour partager ton désir,
Tu feras de tout cri, tout tesson, toute explosivité
Ton miroir !"
La préface de ce recueil est de Jacques Darras. L'illustration de couverture est de Renaud Allirand.
Si vous souhaitez en savoir plus sur "Atlas de l'invisible", de Gabriel Zimmermann, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.dechargelarevue.com/-La-collection-Polder-html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire