Publié par les Éditions Envolume, "À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron est un livre composé de proses poétiques.
À première vue, il s'agit d'une visite touristique des différents quartiers de Paris, faite en général à pied.
Mais cette première approche du livre me paraît trompeuse. Car je défie le lecteur d'avoir une idée précise des endroits évoqués, s'il ne les a pas déjà visités auparavant.
D'ailleurs, une partie des textes composant "À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron, ne renvoient à aucun endroit connu.
Si traversée de Paris il y a, cette dernière est totalement subjective. L'ambiance qui s'en dégage n'est pas celle de l’endroit lui-même, mais de la vision que l'auteur y dépose. Si c'est "À nu Paris", c'est plutôt comme on déshabillerait du regard un corps féminin, par exemple.
Ce livre dans lequel le "je", très présent, n'est pas un héros, présente une affinité avec ce que j'ai pu écrire à certains moments, avec toutefois un regard sur le monde plus apaisé.
En tout cas, j'ai bien ri en lisant plusieurs de ces proses, dans lesquelles l'auto-dérision est toujours là. Il y a un brin de surréalisme là-dedans, des raccourcis saisissants, comme on dit.
Le chien du "je" constitue un personnage à part entière. Il y a aussi plusieurs femmes aux terrasses des cafés, dont cette Lola qui accompagne ou n'accompagne plus le narrateur.
La caractéristique principale du style d'Igor Quézel-Perron réside pour moi dans le fait que les phrases qu'il emploie sont courtes et construites simplement (sujet-verbe-complément). Cela donne à ces textes un style pressé (le stress de Paris ?), voire expéditif. Les personnes et les choses sont ainsi finalement renvoyées dos à dos.
Extrait de "À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron :
" Le rideau soulage. La lumière nous dit de partir. On applaudit. Après tout ce qu'on a payé. Les danseurs scrutent la salle et leurs pieds. Ils m'ont fait du mal. Quelqu'un lance un bravo pour qu'on le regarde. Les commentaires descendent le grand escalier. Un homme dit que l'ange noir est une allégorie. Sa femme lui demande où sont les toilettes. J'ai un regard pour celui qui se raclait la gorge. Quelqu'un démonte la prison. Je me demande ce que vont devenir les fleurs de prunier.
Je m'endors dans le métro. Lola est assise à côté d'un des juges. Elle lit Voici. Le juge fait un pendu sur son smartphone. Il y a du monde. C'est bizarre de se toucher sans se parler. On pense à après. Le juge sort à Pont Marie. Je le suis quai de la Rapée. Je prends un air de cadre moyen quand il se retourne. Je pousse la porte de l'institut médico-légal. Quelqu'un me demande si je connais des morts. Je dis oui en signant le registre. Je fais une faute d'orthographe en écrivant mon nom."
J'ai beaucoup aimé les illustrations, nombreuses, de Louise Hourcade.
La préface de "À nu Paris" est signée de Pierre Josse, qui évoque plusieurs noms d'auteurs en parenté: Jean Rolin, Jacques Réda, Blaise Cendrars, Jean-Paul Clébert. J'y ajouterai peut-être celui d'Yves Martin ?...
Si vous souhaitez en savoir plus sur "À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron, qui est vendu au prix de 16,90 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur :
http://www.editionsenvolume.com/