mercredi 16 juin 2021

"Le Pégase", d'Antoine Sanchez

 


Il m'arrive très rarement de chroniquer un roman. Mais cette fois, c'en est un.
Publié par les Éditions L'Atteinte, "Le Pégase", d'Antoine Sanchez, décrit les journées d'un bar-tabac, comme il en existe de moins en moins en France aujourd'hui.
Le lecteur y croise une clientèle de fidèles qu'il a pu rencontrer plus ou moins régulièrement, selon ses habitudes, dans la "vraie" vie.

Dans ce livre, il y a, par exemple, l'Allemand, le Professeur, le colonel, l'aristo, et puis, bien sûr, le patron du bistrot : Raymond et sa femme, Odile.

Antoine Sanchez décrit cette clientèle "captive", haute en couleurs, signale les présents d'un jour, remarque les absents, et lorsque soudain, une inconnue arrive au bar, ça devient l'ébullition intérieure.

À vrai dire, la mauvaise humeur des uns rencontre la morosité des autres, le tout se résolvant dans une bonne dose d'alcoolisme. Et le patron n'est pas en reste, ponctuant ce roman de fréquents "Crevure", lâchés au fil des indignations du moment.

Ne vous attendez pas cependant à des bagarres. Au Pégase, comme la plupart du temps, dans bien des endroits, les gens sont finalement plutôt calmes.

Antoine Sanchez a le chic pour croquer l'ensemble des attitudes et comportements de ces clients apparemment sans surprises, mais qui gardent une sacrée quantité de non-dits.

En définitive, dans "Le Pégase", l'auteur garde le parfait équilibre entre réalisme et poésie, l'un ou l'autre ne l'emportant jamais vraiment. D'où la valeur de témoignage de ce texte qui colle à la réalité des choses.

Extrait de "Le Pégase", d'Antoine Sanchez (le début du roman) :

"Au PÉGASE, il y a ceux qui sont là depuis toujours. L'Allemand, qui remue des pièces dans sa poche pour dire qu'il est bien là. Le professeur a sa table juste au centre; il fait des ronds sur le bord du verre.
Le colonel marmonne dans sa barbe, vautré sur sa chaise.
Le musicien se tient debout au comptoir. Le derrière du libraire déborde du tabouret.
Quand l'aristo passe, c'est jour de fête, tout le monde se sent plus important.
Le matin, les patrons sortent la terrasse sur un coin de trottoir en bord de route. On y échoue généralement faute de trouver mieux ailleurs."

La maquette et la couverture (très jolie à mes yeux) sont réalisés par l'Atelier AAAA, Marie Sourd et Léopold Roux. En plus du papier et de la police de caractères utilisés, ce livre réserve des coquetteries de détail qui contribuent à lui donner un aspect soigné et pas ordinaire à la fois.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Le Pégase", d'Antoine Sanchez, qui est vendu au prix de 15 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.latteinte.com/

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