Publié dans la collection Polder de la revue Décharge, "Fugue", de Marie Rouzin est un premier recueil qui coule de source, si je puis dire, et afin de le résumer.
L'autrice fait ici une fugue, ou plus exactement, elle passe d'un endroit à un autre, car elle cherche sa place dans le monde qui l'entoure. Chercher sa place, ce n'est pas uniquement "avoir une situation", à l'instar des gens ordinaires.
Ce qui intéresse le personnage de "Fugue", c'est trouver un endroit où il puisse faire corps avec les choses, réellement : chemin le plus court pour trouver le bonheur.
L'autrice qui tutoie au passage, décline dans chacun des poèmes toutes les étapes de ce parcours : d'abord, l'élément liquide, puis la plage, puis les airs, puis la ville.
Dans la dernière partie du recueil, le "tu" cherche même à se fixer, quelque part, mais plutôt dans la nature. Car en ville, il se heurte aux priorités du pouvoir qui enserre les personnes et ne donne pas la liberté à celles et ceux qui le reçoivent.
Si les poèmes de "Fugue", de Marie Rouzin sont assez longs (plusieurs pages chacun), c'est qu'ils habitent leur souffle. Ce qui m'a surpris le plus, lors de cette lecture, est leur absence d'aspérité, leur naturel, comme si les textes qui composent "Fugue" avaient été écrits sans interruption.
Extrait de "Fugue", de Marie Rouzin (le début de la deuxième partie) :
"Tu te tiens dans un coin.
Tu cherches à te situer
Depuis que l'espace en toi a changé
Depuis que tu as goûté la fugue.
Ton oiseau toujours perché sur ton épaule,
Tu épluches d'autres images, d'autres feuillets,
Des recueils dont tu jettes les peaux sur les talus.
Tu craches les noyaux à tes pieds,
Pour le cas où tu devrais retrouver ton chemin.
Tu es seule,
Il n'y a pas de messager pour t'indiquer la voie,
Pas de signe,
Et rien sur les talons qu'un peu de terre humide.
Tu prends le caillou du doute
Qui voyage dans ta chaussure depuis si longtemps,
Tu le soupèses, il n'a aucune densité,
Tu le gardes dans ta main,
Tu glisses ton pied dans la chaussure,
Tu peux bouger à nouveau, il n'y a plus rien pour briser ta cheville. (...)"
La préface est de François de Cornière et l'illustration de couverture de Samiha Driss.
Si vous souhaitez vous procurer "Fugue", de Marie Rouzin, qui est vendu au prix de 7 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.dechargelarevue.com/Polder-198.html
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