samedi 6 décembre 2025

"Plein les poches", d'Annie Hupé

 


Publié par la collection Polder de Décharge, "Plein les poches", d'Annie Hupé, constitue un répertoire personnel.

En effet, chaque section de ce recueil est la déclinaison d'une lettre de l'alphabet, présentée tout d'abord en introduction, avant d'être variée en plusieurs poèmes.

La caractéristique principale de l'ensemble de ces poèmes est qu'ils constituent un jeu virtuose avec les mots. Sauf que ce jeu est plus subtil que mon premier constat : il s'agit plutôt d'un jeu entre le chat et la souris. Ou plus exactement : entre la contrainte et la liberté.

En effet, par exemple, si ces poèmes ont tous pour titre un mot dont la première lettre renvoie à cet alphabet, chaque poème contient un nombre de vers variables : sept, huit, dix ou… trois.

Autre exemple : si ces poèmes semblent tous comporter treize syllabes, ils ne sont pas rimés. Et les mots qui les composent ne sont pas forcément remplis de la lettre qui les singularise.

En définitive, la contrainte la plus visible est finalement la présence de… virgules, qui rythment impeccablement le vers en sections de deux à quatre mots. Ce balancement dont on oublie parfois qu'il participe fortement à la régularité d'une poésie…

Quant aux choix des mots et des thèmes qui émaillent ces poèmes, ils relèvent tout droit de la sensibilité de l'autrice : noms communs, mais aussi, noms propres, de lieux, notamment.

Il y a enfin, dans ces textes, un sens aigu de la fronde.

Extraits de "Plein les poches", d'Annie Hupé :

 
"       Kant

De Worms à Zoug, quel joyeux charivari ! Bof ! Potin
qu'un juste de Königsberg méprise - chef en éveil,
farouche critique du dogmatisme bavard. Je plie
favorable au galop chimérique des Jacobins.

        Querelle

Fleuve impur, chargé d'injures où tremble
déjà - voix de coq agressif, le pénible déchirement.
Flash bavard, mots galopant jusqu'aux cris
(mauvaise pêche quand les fables jappent, cognent)
- jusqu'aux poings ? Parfois… vlan ! Maudit cabochard !
Coup abusif, choqué je me garde d'intervenir
chaos d'images fiévreuses. J'abdique, point.
Jour qui naît pur a chauvi, moisi, fada global.

        Femme

Jacinthe mauve, angélique des bois, tu prends
jour au maquis touffu, vibrant du prochain glas.
Jeune Parque ou figure instable de chair vive
réjouis la plèbe inquiète des friches vagues
qu'assombrit - charbon sans profit - un jais virginal. "

La préface de "Plein les poches" est d'Alain Wexler. L'image de couverture est de Claudine Goux.

Si vous souhaitez vous procurer "Plein les poches", d'Annie Hupé, qui est vendu au prix de 7 € (+ 2 € de frais de port), rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.dechargelarevue.com/Polder-208.html

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