C'est un drôle de journal, composé d'une suite de séquences en
prose, que celui écrit par Lionel Mazari et publié par les Editions du Port
d'Attache. Le titre, déjà, anormalement long - "Le chien d'un immortel
suivi par le chef de dieu" - donne une idée de son contenu fortement
poétique.
N'attendez donc pas de l'auteur des confessions croustillantes sur
sa vie intime, même si celle-ci est bien présente, à travers l'emploi du
"je". A moins qu'il ne s'agisse plutôt de vie intérieure, voire de
vie rêvée.
En tout cas, si vous êtes amateur comme moi d'images poétiques,
vous en aurez ici pour votre argent. Il y a bien sûr la présence obsédante de
ce "chien d'un immortel", même si ce n'est pas celle qui s'incarne le
mieux aux yeux du lecteur. C'est peut-être parce que cette présence vient d'un
dieu.
Par contre, il y a beaucoup d'autres images visuelles qui fusent
et qui impliquent, par là, le surgissement de la poésie.
Laissez-vous donc emporter par la richesse de ses visions,
apparemment nées des toits de Marseille, près desquels Lionel Mazari s'est
réfugié pour écrire son texte.
A noter également que ces proses poétiques, qui ne sont pas
exemptes de tensions, ne sont pas davantage dépourvues de jeux de mots, surtout
à la fin du recueil.
Et n'oublions pas non plus que la poésie musicale de Lionel Mazari
est souvent dite par son auteur. Il y a donc de fortes chances pour qu'elle ait
été écrite avec des arrière-pensées orales.
Un exemple de ces moments poétiques :
"On doit tant à tellement. Si on s'écoute. Comment
s'acquitter. La boite est pleine, mais elle est fermée. C'est comme un corps.
C'est un jour sans, c'est un jour avec. C'est un ascenseur qui monte ou descend.
S'envole ou tombe. En panne. Ma conscience est un escalier en état de marche.
Je vais pas à pas, pas ici, pas là. Je reviens de loin. ça flotte et ça pleut.
Pareil aux nuages. A saute-mouton dans le ciel. Des cages de plume qui volent.
Devant le vent qui passe entre les grilles de laine froide. Tant à tellement.
Tous ce qui dissout, tout ce qui efface, la boite pleine et toujours fermée. La
neige qui grimpe. La pluie qui s'envole des bras ouverts de l'arbre humain. A
son pied affleure et s'endort parmi les racines bleues le chien bossu d'un
immortel. Le chien qui siffle dans ses rêves".
Si vous souhaitez vous procurer "Le chien d'un
immortel...", qui n'est vendu qu'au prix de 6 € avec sa couverture dorée,
vous pouvez rendre visite au blog des éditions du port d'Attache :
http://leseditionsduportdattache-overblog.com
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