Le
recueil de poèmes en vers presque mesurés de Jean-Louis Rambour, intitulé
"Le mémo d'Amiens", est très attachant pour le lecteur que je suis (à
noter d'ailleurs le sous-titre : "Poème-photo", sans doute en
référence à "Roman-photo"). Car ces poèmes racontent des histoires,
voire le moment le plus crucial de la vie des habitants de ce quartier d'Amiens,
quelque part dans la barre Berlioz, depuis la fin de la dernière guerre jusqu'à
aujourd'hui, et surtout dans les années 60-70.
Ces
années sont celles de changements sociaux importants, d'évolutions de classes
dans un sens en apparence ascendant, bien qu'il s'agisse aussi de la
disparition de petits commerces plutôt sympathiques.
Dans
chaque poème, le nom de la personne dont il est question figure en gras. Les
acteurs de ces poèmes sont souvent issus de l'immigration, comme on dirait
aujourd'hui. Ce sont des personnes dont le métier n'est pas d'être poète, bien
sûr ! Pourtant, ces gens ci et non là, comme dirait l'autre, sont remplis de
poésie, chacun à leur manière, de cette poésie qui couvrirait presque le
passage du temps.
Les
poèmes de Jean-Louis Rambour sont plutôt du genre épique, par la formulation
d'une foule de noms propres, d'endroits, notamment. Il s'agit indirectement
aussi de poèmes engagés (pas au sens grandiloquent et démodé du terme), en ce
sens que l'auteur montre que les vies ordinaires peuvent être riches et
qu'elles se déroulent ici, et pas ailleurs, pas dans la transcendance, mais
dans cette communauté bigarrée qui doit bien parvenir à vivre ensemble.
Voici un
poème extrait de "Le mémo d'Amiens" :
"Ici
Brigitte saigne au genou à la hanche au pubis
Aux
lèvres aux ongles aux yeux Elle est une tache
De sans
la chanson dit un coquelicot
Brigitte
part dans les étoiles la boue du ciel
Les
champs de maïs avoine les prés salés
Les
tourbières d'autrefois Elle aussi chute
C'est
une carriole tirée par deux chevaux
Carriole
de novembre pleine de charbon
Elle
glisse sur les pavés et les fers des bêtes
Glissent
et rendent fragiles les jambes
Des
jeunes filles des jeunes filles en beauté
Celles
qui fuient les coins sombres les mains
Assassines
des hommes des ados excités prêts
A
pousser un corps sous des roues criardes".
Pour en
savoir plus sur "Le mémo d'Amiens" vendu au prix de 8 €, rendez-vous
sur le site des éditions Henry : http://www.editionshenry.com
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