Publié par les
éditions Gros Textes, « Je n'ai jamais été mais il est encore
temps », de Natyot est un recueil de poèmes qui ne cache pas ses
caractéristiques. Illustré par une belle couverture couleur d'Eugénia Loli, ce
livre se remarque d'emblée. A l’intérieur aussi, ça bouge beaucoup.
Tout d’abord, c'est
l’œil qui lit les poèmes en les parcourant sur toute leur surface.
Denses et en même
temps remplis de reprises « musicales » ou émaillés de polices de
caractères différentes, ces textes sont faits pour être lus à voix haute, car ils
fonctionnent sur le mode de la prolifération verbale. Ce qui ne les empêche pas également d'être agréables à lire avec sa voix intérieure.
Attention, il ne
s'agit pas uniquement de brillantes improvisations : ces textes ont du
contenu. Ils reproduisent à la fois le discours de l'auteur et celui des
contraintes sociales : par exemple, toujours mieux faire, ou travailler
plus vite, ou être toujours dans la nouveauté : faire les beaux en un mot.
Il y a aussi, dans
ces poèmes, un clin d’œil aux tics de langage, tel ce « bon » en
caractères gras qui rythme l'un des textes.
En définitive, le
lecteur est satisfait de se rendre compte que ses pensées secrètes peuvent être
partagées par d'autres personnes. Cette satisfaction peut venir justement de
l'insatisfaction qu'il y a parfois à constater que l'on n'a pas pu vivre tous les
rôles que l'on voudrait tenir dans sa vie, comme dans ce texte qui débute par « je n'ai
jamais été farouche mais il est encore temps... »
Je signale enfin la
présence des illustrations intérieures, qui sont également de Natyot et
constituent la traduction en noir et blanc et couleurs de ses pensées. Il
s'agit d'arbres, dont seule la silhouette couleur est définitive. Le dessin en
noir et blanc autour traduit la façon dont cet arbre peut grandir...Bref, comme
une illustration de notre propre vie qui peut proliférer en
tous sens. Une belle promesse d'épanouissement.
L'artwork est de
Sidonie Grafik.
Extrait de « Je
n'ai jamais été mais il est encore temps », de Natyot :
« PRESENTE !
je suis présente. je
le dis plusieurs fois. PRESENTE PRESENTE PRESENTE comme ça je le sens bien. j'y
suis bien. je ne me moque pas. je fais en sorte. je me fais l'appel. le
rassemblement de tout moi ensemble. on est là. on se tient. on s'y tient. on a
de quoi tenir longtemps. je sais l’importance. ne pas être ailleurs quand on
est là c'est important. PRESENTE de toutes mes forces PRESENTE à perdre haleine
PRESENTE avec ma peau avec mes organes avec ma respiration qui fait le boulot à
merveille avec les habitants du crâne avec mon noir immense avec ma langue pour
le dire PRESENTE je grouille. j'abonde. je pullule. j'y suis. je suis dans le
maintenant. dans le maintenant avec les autres. les autres présents qui veulent
bien se donner ma peine. je n'ai pas envie d'arrêter. arrêter ce serait moche.
complètement banal. dans l'air du temps. je n'ai pas envie d'être dans l'air du
temps. je veux être PRESENTE. je tiens le coup. je prends le temps entre mes
dents et je serre. ça ne fait de mal à personne ce n'est rien d'autres que les
secondes. et il y en a des tonnes. pas la peine de compter crois-moi. il y en a
des tonnes.
Je serre fort »
Pour en savoir plus
sur « Je n'ai jamais été mais il est encore temps », de Natyot, qui
est vendu au prix de 10 €, contact : https://sites.google.com/site/grostextes/
Merci pour la promesse d'épanouissement. Je m'y atèle ! natyot
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