Publié dans la collection Lieu
d'Encres vives », « Ubayubaye !»
est le récit poétique de randonnées effectuées par l'auteur dans les
Alpes du Sud, près de la frontière italienne.
Je retrouve dans ce recueil ce
qui caractérise le style de Jean-Marie Alfroy, une représentation qui n'en
reste pas aux images, mais va vers la musique, par le recours à l'incantation,
tout particulièrement à travers le poème-phare de ce cycle qui en appelle à
l'Ubayubaye, à travers justement, le terme de « chant ».
D'ailleurs tout le texte est construit
sur le modèle des formes musicales : "chant », mais également,
« intermèdes », « récitatif » et « coda ».
Et bien souvent, les vers
prennent alors la forme de versets, comme ces rivières (telle l'Ubaye) qui, emporteraient
tout sur leur passage.
Parfois, par une exception qui
confirme la règle, les poèmes se font plus elliptiques, comme dans les
« Intermèdes » de la partie centrale du texte.
Mais, même lorsque les vers se
raccourcissent, il y a toujours ce dynamisme, cet instinct de révolte qui donne
au poème sa puissance.
Extrait de
« Ubayubaye », la « coda » finale :
« On ne quitte pas une
vallée comme on quitte une plaine à blé
on se glisse sans fierté
contre des parois rocheuses qui suintent de larmes
incomprises
et au col in ne se retourne
pas vers ceux qu'on pense avoir trahis
on plonge dans le bain des
territoires en se disant que c'est fini
qu'il n'y aura plus de pics à
définir, de crêtes à dessiner
sur le grand mur des jours et
des saisons
On quitte une vallée comme on
quitte une Ariane sur son rivage
parce que des Athènes
attendent qu'on revienne se perdre dans le grand troupeau
parce qu'on croît être plus
fort de porter l'uniforme des citadins bleuis et noircis par les textiles
internationaux
On se quitte soi-même et on
meurt comme on n'a jamais cessé de le faire
depuis le berceau
On se console en revivant la
course des eaux depuis les neiges des
frontières
jusqu'à leur effacement ans le
grand lac construit par les hommes
à cause de leur soif de
lumière et de propreté
alors qu'ils errent depuis toujours
dans leur ignorance et leur saleté
morale
On se console parce qu'il est
dans la nature de l'homme de se consoler. »
Pour vous procurer
« Ubayubaye », de Jean-Marie Alfroy, qui est vendu au prix de 6,10 €,
rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://encresvives.wix.com/michelcosem
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