Premier
recueil publié par Valéry Molet, en l’occurrence aux éditions Ex Aequo, avec
« Le crématorium inutile » (rein que le titre, déjà, m'a titillé), je
me suis senti en terrain connu.
En
effet, j'y retrouve certaines des caractéristiques des poèmes que j'ai pu écrire il
y a quelques années : goût des images poétiques, joli regard critique sur
ce qui entoure l'auteur, et enfin, sensation issues de la fréquentation d'un sport (course à pied) et d'une ville
(Vézelay) que je connais bien.
De
manière générale, il s'agit dans ce livre d'impressions de vacances, de
villégiature, qui se déroulent en divers endroits : mis à part Vézelay,
l'Espagne, La Bretagne, Vincennes…
Il
est question d'amour aussi dans ce livre, de l'amour d'un couple , plus
précisément.
Cependant,
la vacance de l'esprit fait ressortir le vide et donc l'inutilité de toutes
choses, d'où cette ironie envers soi-même et cette distance envers l'autre,
l'extérieur (humains comme paysages) qui, la plupart du temps, l'emportent, à
mon sens.
Outre
la richesse des images, « le crématorium inutile », de Valéry Molet
vaut également par le sens des formules qui ressortent avec netteté, vous
sautent à l'esprit, mélange de puissance lyrique (images) et concision de
l'instant qui blesse.
Extrait
de « Le crématorium inutile », de Valéry Molet :
« Dans
l'horreur de l'été
L'été
appartient aux pauvres gens
Le
bruit s'extasie en sandalettes
Les
orteils bringuebalent dans les bistrots
Les
chevaux-vapeur scalpent les cervelles ornant
Leurs
chiens de prénoms d'acteurs américains
L'univers
est un panneau signalétique prévenant de la sortie d'engins,
Une
chose insignifiante comme la biographie d'un auteur,
De
l’humour noir comme un soleil aux teintes
tanniques.
Les
couloirs aériens mécanisent les nuages
Chaque
avion est lourd
La
lune s'amincit ans sa gaine de gazole et de nuit
Le
raffut des tracteurs admoneste les champs
insonores
Emblavés
d'essence et butés de blés.
Et
pourtant le petit Joseph s’épanouit
Avec
ses yeux de cidre et de cassis
Son
visage a une mine de limace après al pluie
Et
ma femme discerne l'amour enfin crû
Tandis
que nos deux vies dessinent une voûte en
arc
de cloître
Et
que les berceaux nous enferment et nous libèrent
tout
à la fois.
Il
n'y a plus que nous, parfois,
Qui
formons une natte imparfaite
De
cheveux gris et d'amour
Que
le crépuscule maltraite
Comme
l'océan deux-pieds droits
Peu
importe si la nuit commue le jour en jour. »
Si
vous souhaitez en savoir plus sur « Le crématorium inutile », de
Valéry Molet, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de
l'éditeur : http://www.editions-exaequo.fr/
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