lundi 3 juillet 2017

"Le crématorium inutile", de Valéry Molet


Premier recueil publié par Valéry Molet, en l’occurrence aux éditions Ex Aequo, avec « Le crématorium inutile » (rein que le titre, déjà, m'a titillé), je me suis senti en terrain connu.

En effet, j'y retrouve certaines des caractéristiques des poèmes que j'ai pu écrire il y a quelques années : goût des images poétiques, joli regard critique sur ce qui entoure l'auteur, et enfin, sensation issues de la fréquentation d'un sport (course à pied) et d'une ville (Vézelay) que je connais bien.

De manière générale, il s'agit dans ce livre d'impressions de vacances, de villégiature, qui se déroulent en divers endroits : mis à part Vézelay, l'Espagne, La Bretagne, Vincennes…

Il est question d'amour aussi dans ce livre, de l'amour d'un couple , plus précisément.

Cependant, la vacance de l'esprit fait ressortir le vide et donc l'inutilité de toutes choses, d'où cette ironie envers soi-même et cette distance envers l'autre, l'extérieur (humains comme paysages) qui, la plupart du temps, l'emportent, à mon sens.

Outre la richesse des images, « le crématorium inutile », de Valéry Molet vaut également par le sens des formules qui ressortent avec netteté, vous sautent à l'esprit, mélange de puissance lyrique (images) et concision de l'instant qui blesse.

Extrait de « Le crématorium inutile », de Valéry Molet :

« Dans l'horreur de l'été

L'été appartient aux pauvres gens
Le bruit s'extasie en sandalettes
Les orteils bringuebalent dans les bistrots
Les chevaux-vapeur scalpent les cervelles ornant
Leurs chiens de prénoms d'acteurs américains
L'univers est un panneau signalétique prévenant de la sortie d'engins,
Une chose insignifiante comme la biographie d'un auteur,
De l’humour noir comme un soleil aux teintes
tanniques.

Les couloirs aériens mécanisent les nuages
Chaque avion est lourd
La lune s'amincit ans sa gaine de gazole et de nuit
Le raffut des tracteurs admoneste les champs
insonores
Emblavés d'essence et butés de blés.

Et pourtant le petit Joseph s’épanouit
Avec ses yeux de cidre et de cassis
Son visage a une mine de limace après al pluie
Et ma femme discerne l'amour enfin crû
Tandis que nos deux vies dessinent une voûte en
arc de cloître
Et que les berceaux nous enferment et nous libèrent
tout à la fois.

Il n'y a plus que nous, parfois,
Qui formons une natte imparfaite
De cheveux gris et d'amour
Que le crépuscule maltraite
Comme l'océan deux-pieds droits
Peu importe si la nuit commue le jour en jour. »

Si vous souhaitez en savoir plus sur « Le crématorium inutile », de Valéry Molet, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.editions-exaequo.fr/

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