Publié par les éditions du
Contentieux, « Et les mégots du ciel », de Thomas Grison et Jean-Marc
Thévenin est un match de ping-pong de poèmes, tous en vers libres, et dont la
longueur varie entre 25 et 50 vers.
Il est impossible de trouver un
thème à ce livre, et ce n'est pas forcément grave.
Chacun des deux auteurs est venu
avec son style bien trempé, de veine surréaliste, et le résultat est que chacun
rebondit sur les évocations de l'autre, enchaînant les variations à partir de
là.
Le lecteur pourra reconnaître
quelques tendances dans le style de Thomas Grison, plus rond et musical, et
dans celui de Jean-Marc Thévenin, légèrement plus déglingué imprévisible.
Pour ma part, cela fait longtemps
que je n'avais pas lu de textes à la liberté totale, qui laissent la part belle
aux visions, et dans lesquels se trouvent des pépites de vérité, vite digérées
par la vitesse de l'écriture.
Extraits de « Et les mégots
du ciel », de Thomas Grison et Jean-Marc Thévenin :
« Elles auraient souhaité
que je les
branche
si les mots ont un sens
le langage est sexué
voire sexuel
voire un trou dans la tête
où passe du lichen
c'est un mot
qui passe par la bouche
notre trou dans la tête
que sont-ils devenus
les mots
dans leur mille-pattes
d'écriture
on parle de virus
j'y ai vu des insectes
les mouches endormies par la
mort
sur un ruban collant
dans la maison près de la
Seine
un ruban sexué collant
lorsque l'on parle du piano
des saris
avec les mots des notes
bariolées
le petit doigt posé
sur le ruban sonore
de la parole qui s'envole
le dessin d'écriture le destin
d'écriture
qui sort de la bouche
le lichen un peu vertical un
peu gris
un peu la pierre
tu es silence
tu es six lances
dans la campagne et la Seine
pour percer la poitrine
où le cœur ne se connaît
que de ses percements
et les rubans
de toutes les époques
qui s'entrechoquent
ici
pour la pensée et ses orgueils
les propos esthétiques
une façon de dériver
pour que ça brille américain
comme une alliance
et les doigts de la branche
je ne sais pas Thomas
ma tête avec ses trous
ses bosses ?
« le serpent qui se
mordait
la queue
la bouche et ses venins
ses mouches
le sourire nain
son vermicelle de louches
et les yeux dans la soupe
les trous velus que l'on
cherche à
remplir est-ce
l'orgueil de l'estomac ?
L'aube grise on cherche le
soleil
tes mots blancs comme tes
dents dans ta tartine
et le café son marc du matin
le vélin blanc
le chat venu manger
dans la narine
la fiancée des mots du
tomawak
je me souviens Jean-Marc
l'écaille acide
la lumière de tes veines tes
venins
comme lorsque tu es venu fumer
devant ma porte
les mots nos antidotes
tombés devant la porte
comme des souches
les méandres des volutes
et le piaillement des oiseaux
des mots tombés du nid
le slip qu'il faut changer
avant qu'il
ne jaunisse
c'est la lèvre qui mange l’œil
et l’œil qui mange la lèvre
en cette commissure où Eve
pendait le ruban des mouches
des jaunes d’œuf étalés
griffonnés sur les murs
un lichen écorchant la mémoire
des mots glissant
comme le panier de Moïse
sur les eaux
le mort jeté dans l'océan qui
revient
vers la source
et l'océan où se rencontrent
enfin
ma Loire et ta Seine
le serpent qui se mord
la queue.
T.G. »
En outre, « Et les mégots du
ciel », de Thomas Grison et Jean-Marc Thévenin est préfacé par Eric Simon,
la préface de la préface et la 4e de couverture étant de Christine
de Rosay.
L'illustration de couverture est
de Pascal Ulrich et le frontispice de Michel Marnat.
Si vous souhaitez en savoir sur
« Et les mégots du ciel », qui est vendu au prix de 15 €, contact
auprès de l'éditeur, Robert Roman : romanrobert60@gmail.com
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