lundi 11 juin 2018

"La poésie, personne n'en lit", de Marc Guimo



Publié par les Éditions la Boucherie littéraire, dans sa collection "Sur le billot" , "La poésie, personne n'en lit" est le deuxième recueil de Marc Guimo. Et le premier poème de ce livre lui donne son titre. Poème manifeste donc, d'ailleurs, je crois, le plus long du volume.

Le titre est provocateur, certes, mais il se vérifie généralement. N'allez surtout pas croire que le contenu de ce livre soit dépité. Non, pas du tout, je trouve. On dirait plutôt que cette situation serait souhaitable pour l'auteur.

Et en effet, si l'on considère que la poésie perdrait son âme en ayant plus de succès, le péril n'est pas imminent.

Ce qui m'a plu dans "La poésie, personne n'en lit", de Marc Guimo, c'est surtout l'humour dont fait preuve son auteur, le dégagement du ton dans le constat du titre, développé au fil des pages.

Il y a de l'humour, mais ce n'est pas non plus trop gentil. Il y a du nerf dans ces textes. Bref, ça vit. 

Et on lit :

"La poésie c'est une botte de foin dans un champ d'aiguilles" ou : "ton livre c'est un sommier mais où est le matelas ?"

Contre quelques formules de ce genre-là, personnellement, je filerais bien quelques barils de vieille poésie lyrique, aux vertus soporifiques.

Bien sûr - mais c'était déjà le cas dans "Un début de réalité - l'auteur n'oublie pas d'évoquer le monde d'actif dans lequel il vit. Et je lui en sais gré.

Extrait de ce livre, "Quatre-vingts grammes de monde" :

"Ce qui est bien quand tu fais de la poésie, c'est que tu oublies très vite tes dettes et la pression au travail : elles ne s'effacent pas, aucun miracle, mais leur arrogance s'est éteinte. Le géant devenu petit soldat. Sous le talon. Au début tu écris parce que tu n'as pas de quoi te payer un massage ou un psy, puis tu continues comme on déroule la notice d'un remède, pour voir s'éloigner les conditions administratives de ce monde. Avec la poésie, tu ne montes pas dans l'échelle sociale, tu ne descends pas non plus, mais lorsque fatigué des écrans tu plaques devant toi quatre-vingts grammes de papier, une fois, deux fois, dix fois, c'est comme si tu faisais des faux billets. Quoi de plus palpitant que d'inventer sa propre monnaie ? Ta journée, c'est de la matière première, ta nuit c'est ta presse. Bien sûr il faut être patient et enchaîner les cafés, si la nature a mis neuf mois pour t’offrir une origine, il est inutile de courir après le bus, marcher n'est pas ralentir, et le temps que tu perds à écrire n'est pas si paumé."

Si vous souhaitez vous procurer "La poésie, personne n'en lit", de Marc Guimo, dont le prix de vente est de 12 €, rendez-vous sur le site de son éditeur : http://laboucherielitteraire.eklablog.fr/

Ce livre est disponible, sur commande, dans toutes les bonnes librairies de France et de Navarre.

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