jeudi 26 novembre 2020

"Te léguant mon œil mort", de Jérôme Nalet

 


Drôle de recueil poétique que ce "Te léguant mon œil mort", de Jérôme Nalet, publié dans la collection Polder de la revue Décharge.

Le but de cette collection étant de faire découvrir de nouveaux auteurs (pour une fois, chez les éditeurs), il est parfaitement réussi. Pour une découverte, c'est une découverte !

En effet, la lecture de "Te léguant mon œil mort" a trouvé le moyen de m'étonner. Si l'auteur joue avec les mots, ayant recours aux néologismes comme on boit du bon vin, s'il y a de la rhétorique et de la brillance là-dedans, ce n'est pas une langue qui claque à vide, ce n'est pas pour uniquement épater la galerie que c'est écrit comme ça. Je ne le crois pas, du moins. 

Le but semble être plutôt de faire passer la révolte au grand jour, même si le rire pantagruélique est bien présent aussi.

Et cette histoire pleine de verbe et de verve de Bob, histoire de vous donner une idée de l'ambiance, m'a fait penser également en partie aux "Amours jaunes", du Vieux Corbière, à travers toutes ces péripéties, racontées en proses (ce sont elles que je préfère), en vers libres et même en sonnets.

Ça commence donc par la mise en route de Bob ("Cousin Bob"), ça continue par son amour, puis par son départ à la retraite et enfin par sa mort en plantation. Le tout encadré par "Te léguant mon œil mort" (qui donne son titre au recueil) et "Nous avons demandé des explications", deux autres textes en prose.

Extrait de "Cousin Bob", de Jérôme Nalet :

"Un nuisible de moins à engraisser le Bob, ah oui ! mais c'est tout lui, de notre faute encore, toujours, alors que pendant des années nous lui avons, respectabilité si tant est qu'un tel mot, tout donné, tout offert, jusqu'à ce soir encore, toujours, montagne de cadeaux, l'ingrat, l'ingrat, qui ose et ses semblables à nous renifler le derrière interminablement, jetez-leur ça c'est tout le bras qu'ils vous dévorent, les ingrats, n'auront jamais fini renifler vos derrières, explorer nos poubelles sans même songer à s'en cacher, détritus sont pour eux merveilles et leurs enfants, les poux, bains qui régulièrement tournent au drame à cause de leurs stupides modèles réduits."

Ah bon sang, quelque chose qui réveille, enfin !

La préface est de Thierry Pérémarti, la première de couverture est d'Antonin Faure.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Te léguant mon œil noir", de Jérôme Nalet, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.dechargelarevue.com/-La-collection-Polder-.html



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