mercredi 5 avril 2017

"Ptérodactyle en cage", de Florent Toniello


Deuxième recueil publié aux éditions Phi par Florent Toniello, après « Flo[ts] », « Ptérodactyle en cage » se présente comme un journal de bord écrit en vers libres, dont l'ambiance m'a rappelé celle des romans classiques d'anticipation, comme « Un monde meilleur » d'Aldous Huxley ou « 1984 » de George Orwell.

C'est dire si des relents d'inquiétude traversent ce texte.

Dans un univers urbain, hostile, car dépourvu de liberté, j'y vois comme une tentative désespérée de l'auteur de se régénérer en quelque chose d'autre qu'un être humain.

La figure de l'oiseau préhistorique, ce ptérodactyle, constitue donc un symbole fort de cette tentative d’adaptabilité. Sauf que le lecteur sait déjà la fin de l'histoire : l'oiseau vole dans le mur, son futur apparaissant dès lors comme tristement rogné.

Il peut paraître paradoxal que le sujet de ce livre oscille entre réminiscences du passé et préoccupations sur le futur. Mais non, en fait, il s'agit toujours d'imaginaire. Enfin, faisons semblant d'y croire, car cet imaginaire ressemble fort à la réalité.

Le style de Florent Toniello nous aide, en tout cas, à nous projeter dans la fiction. Riche en vocables poétiques saisonniers, mais aussi scientifiques et économiques, il se resserre, la plupart du temps, dans des vers assez courts, image, peut-être, de cette liberté manquante.

Je précise que « Ptérodactyle en cage » n'est pas seulement un livre de format papier, mais que ce dernier s'est incarné au Luxembourg, le 9 mars dernier, en un spectacle poétique et musical, en duo entre l'auteur (Florent Toniello) et un pianiste, Jean Hilger, interprète d'oeuvres de Schönberg, Scriabine, Glass, Janacek, Kurtag ; Satie, Cowell, Prokofiev, Bartok, Poulenc, Ligeti et Bach. Rien que ça !

Extrait de « Ptérodactyle en cage », de Florent Toniello :

« 31 mars : Velléités d'évasion

ode au verrou
Vaste vulve évasée
auquel rêvent
nos visages veules

ode au verrou
vicissitude du vécu
d'ivrognes sans venelles -
sans avenues où vider
le trop-plein de vinasse
dont ils sont in-
volontairement dépourvus

ode au verrou
où vivre ? Vers où ?
Laudes au verre où
voguent les ouvertures
vers un au-delà des verts
vers un entrelacs divers
où vivent partout
d'odieux écrous

ode au verrou
oh ! D'évents roux
les baleiniers vénèrent
les mystères vaudous -
d'ouverte à verrouillée
la vie va volontaire
vers n'importe où
quand les charnières
vocalisent tels des
violons doux la
vivifiante et pour-
tant navrante
ode au verrou ».

Si vous souhaitez en savoir plus sur « Ptérodactyle en cage », de Florent Toniello, qui est vendu au prix de 15 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.phi.lu

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