Deuxième recueil publié aux
éditions Phi par Florent Toniello, après « Flo[ts] »,
« Ptérodactyle en cage » se présente comme un journal de bord écrit
en vers libres, dont l'ambiance m'a rappelé celle des romans classiques
d'anticipation, comme « Un monde meilleur » d'Aldous Huxley ou
« 1984 » de George Orwell.
C'est dire si des relents
d'inquiétude traversent ce texte.
Dans un univers urbain, hostile, car dépourvu de liberté,
j'y vois comme une tentative désespérée de l'auteur de se régénérer en quelque
chose d'autre qu'un être humain.
La figure de l'oiseau
préhistorique, ce ptérodactyle, constitue donc un symbole fort de cette
tentative d’adaptabilité. Sauf que le lecteur sait déjà la fin de
l'histoire : l'oiseau vole dans le mur, son futur apparaissant dès lors
comme tristement rogné.
Il peut paraître paradoxal que le
sujet de ce livre oscille entre réminiscences du passé et préoccupations sur le futur. Mais non, en fait, il s'agit toujours d'imaginaire. Enfin, faisons
semblant d'y croire, car cet imaginaire ressemble fort à la réalité.
Le style de Florent Toniello nous aide, en tout cas, à nous projeter dans la fiction. Riche en vocables poétiques saisonniers, mais aussi
scientifiques et économiques, il se resserre, la plupart du temps, dans des vers assez courts,
image, peut-être, de cette liberté manquante.
Je précise que
« Ptérodactyle en cage » n'est pas seulement un livre de format
papier, mais que ce dernier s'est incarné au Luxembourg, le 9 mars dernier, en un spectacle
poétique et musical, en duo entre l'auteur (Florent Toniello) et un
pianiste, Jean Hilger, interprète d'oeuvres de Schönberg, Scriabine,
Glass, Janacek, Kurtag ; Satie, Cowell, Prokofiev, Bartok, Poulenc, Ligeti
et Bach. Rien que ça !
Extrait de « Ptérodactyle en
cage », de Florent Toniello :
« 31 mars :
Velléités d'évasion
ode au verrou
Vaste vulve évasée
auquel rêvent
nos visages veules
ode au verrou
vicissitude du vécu
d'ivrognes sans venelles -
sans avenues où vider
le trop-plein de vinasse
dont ils sont in-
volontairement dépourvus
ode au verrou
où vivre ? Vers où ?
Laudes au verre où
voguent les ouvertures
vers un au-delà des verts
vers un entrelacs divers
où vivent partout
d'odieux écrous
ode au verrou
oh ! D'évents roux
les baleiniers vénèrent
les mystères vaudous -
d'ouverte à verrouillée
la vie va volontaire
vers n'importe où
quand les charnières
vocalisent tels des
violons doux la
vivifiante et pour-
tant navrante
ode au verrou ».
Si vous souhaitez en savoir plus
sur « Ptérodactyle en cage », de Florent Toniello, qui est vendu au
prix de 15 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.phi.lu
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