Publié par les Éditions Henry,
« 30 poèmes » d’Étienne Paulin est divisé en trois séquences,
avec, en plus de celle qui donne son titre au livre, deux autres parties
intitulées « Pneus Dieu » (une seule page) et « Vers la vraie
pacotille ».
Par rapport aux précédents
recueils de l'auteur que j'ai pu lire et chroniquer, je trouve dans ce livre
davantage de dépouillement (la plupart du temps) et une préoccupation plus
importante quant au sens du poème.
En dehors de cette préoccupation,
dont je ne me sens pas forcément le plus proche, ces courts poèmes en vers
libres, également courts, me font irrésistiblement penser aux petites villes de
province.
En effet, ils se passent toujours
dehors et de préférence l'été. Et l'espace entre les strophes correspond à
toute la somme de vide qui est contenue en ces endroits : vide social,
faute d'un aménagement complet du territoire, et puis évidemment, solitude, vide
des apparences, du non-dit comme du non-vu.
Ces poèmes sont également
traversés par la lassitude, avec quelquefois, des pointes de dérision comme,
par exemple, dans ce poème :
« tes insurgés sont bons
et
puisqu'ils sont là
cours les aimer
cela fait une armée toujours
toi qui n'as pas idée
tu peux aller combattre »
Étienne Paulin me semble aussi
être passé maître dans l'art des petites touches (d'ailleurs, il n'y a presque
jamais de majuscules, ici) et de l'équilibre à trouver entre ces mots, qui
sont noyés dans du vide.
Extrait de « 30
poèmes » d’Étienne Paulin :
« je suis au paradis de
la tristesse. partout volète le temps mort
et le feu ne prend pas :
il danse, il n'a pas pris.
l'amour et les larmes volages
sont morts le
vent les tape
biffe les rêves
l'été s'endort en quarantaine
le docteur dit tout vendre
alors on vend tout
tout se passe
aux confins sans nous »
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