Prix des Trouvères 2017, Grand
Prix de Poésie de la ville du Touquet (jurés lycéens), « On dirait que le
temps tourne en rond », de Charles Desailly, publié par les éditions
Henry, dresse le bilan provisoire d'une vie.
L'originalité de ce livre tient
justement à ses forces d'opposition.
En effet, la première partie,
intitulée « La tentation du temps zéro, l'enfance » décrit l'enfance
comme un moment, sauf exceptions, merveilleux ou, du moins, poétique. Cette
combinaison, bien qu'elle soit très bien rendue, n'est pas rare en
poésie. Cependant, il est aussi rare que l'enfance soit connotée de manière négative.
Malgré tout, avec les deuxième et
troisième parties, intitulées respectivement « L'épreuve du désir »
et « Les heures épuisées », le bilan positif semble s'inverser, l'âge
venant, après le temps intermédiaire de l'incertitude.
Cette vision de la vie ne cherche
donc pas à nous bercer d'illusions, n'essaye pas de trier le bon grain de
l'ivraie. Hélas, il faut l'avouer, cette expérience me semble plutôt courante (d'ailleurs, ici, le pronom indéfini « on » est très souvent
employé), mais elle est peu rendue en poésie, surtout dans un même parcours de
lecture.
Le style de l'auteur, Charles
Desailly, est on ne peut plus clair, même si les images sont très souvent
présentes, ces deux caractéristiques rendant la lecture plus agréable.
La lecture agréable tient aussi
au format des poèmes.
Là encore, bien que chaque texte
contienne plutôt des versets que des vers, il en ressort une impression
générale de brièveté. Car l'unité de valeur n'est pas ici le poème, mais plutôt
la phrase qui le compose, celle-ci pouvant être facilement isolée des autres
qui l'entourent.
Extrait de « On dirait que
le temps tourne en rond », de Charles Desailly :
« Les trous de repli sont des heures chargées
de ciels noirs.
Les trous nous signifient la fragilité du
temps l'espace figé dans la membrane de l'absence.
Un vieux rêve caresse l'ankylose de
l'enveloppe.
Par nuit traversée d'étoiles on aime l'idée
du corps frissonnant les mots vont à l'épaisseur du manque à la fragilité des
disparitions.
Ce qui tombe dans le trou n'est que le
reflet de nos vies faciles.
Le silence sans voix nous protège du
voyage programmé.
Nos défaillances ressemblent à des terres
brûlées et longtemps nous traînons à l'assaut des jours emmurés. »
L'illustration de couverture est
d'Isabelle Clément.
Ce livre est préfacé par Jean Le
Boël, qui rend compte des délibérations du jury des lycéens.
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