dimanche 16 mai 2021

"Viens, marchons", de Josiane Gelot

 

Publié par les Éditions l'Harmattan, dans sa collection "Témoignages poétiques", "Viens, marchons", de Josiane Gelot n'est pas tout à fait ce que laisse penser sa couverture (titre et image).

Derrière l'aspect consensuel de la randonnée (une activité de surface, consensuelle, peu onéreuse et peu exigeante en matière d'écologie, d'ailleurs, j'aime la randonnée), Josiane Gelot nous convie à revivre des bribes d'histoire familiale, voire, d'histoire tout court.

Ainsi, la marche, c'est aller à la rencontre de ses souvenirs. C'est aussi un élan de vie qui est presque plus fort que la mort, et qui, parfois, passe par la fuite. C'est un appel à la résistance, à l'insoumission. Un "en marche" qui n'a rien d'un consensus politique.

Extrait de "Viens, marchons", de Josiane Gelot :

"Roubaix, New York, Montréal...
J'ai marché dans des rues interminables.
L'anonymat n'est pas
Dans le grouillement des corps
Ni le vague des regards
Il est dans la dureté du sol
Sa ferme résistance à se laisser creuser.
Je ne laisserai pas plus de traces que toi."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Viens, marchons", de Josiane Gelot, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.editions-harmattan.fr/livre-viens_marchons_josiane_gelot-9782343228129-68515.html

"Prix Con-court universel", de Denis Parmain

 



Publié par "L'invisible éditrice", ce "Prix Con-Court universel", de Denis Parmain, est un livre qui n'a pas l'air de se prendre trop au sérieux (quoique son bandeau est bien réel).

C'est rare en poésie, les livres qui ne se prennent pas trop au sérieux. Bien sûr, aucun poète ne se prétend sérieux, sauf les moins modestes, mais dans les faits, c'est moins vrai.
Vous me direz ? Ce n'est pas parce que ce livre est "Prix Con-Court universel" qu'il n'est pas sérieux. Peut-être, après tout...

En tout cas, placé sous le patronage explicite de Jean L'Anselme, l'auteur des "Poèmes cons", ce livre en reprend les ingrédients.

J'ai apprécié sa lecture pour deux raisons essentielles :

- le bordel calculé qui y règne et qui ressemble plutôt aux différents tableaux d'une pièce de théâtre, quand on ne sait pas quand est-ce que le livre qui nous est présenté va démarrer et alors que finalement, il a déjà démarré;

- les aphorismes qui le composent, dont une bonne partie m'a amusé. Bref, à l'arrivée, un menu plutôt copieux.

Par exemple :

"Évidence dominicale.

Si l'on voit l'homme le dimanche matin aller chercher le pain c'est d'une part pour la boulangère et d'autre part parce que le troquet est sur le chemin."

***

"La retraite.

"Rien faire et ne rien faire d'autre", a déclaré un retraité par cette parole entendue dans le train. En y réfléchissant bien, j'ai fini par me gratter la tête comme avec les Pensées de Pascal… et je me suis dit : Vivement la retraite."

***

"Évidence vitale.

Faut surtout pas se mettre mortel en tête on y passera bien un jour.
Après la vidéo, la vie des bas."

Si vous souhaitez vous procurer ce "Prix Con-Court universel", de Denis Parmain, le prix de vente du livre est libre. Contact : poetarbrut@yahoo.fr

"Apostilles", de Gaël Guillarme

 

Publié par les Éditions Henry, dans sa collection "Les écrits du Nord", "Apostilles", de Gaël Guillarme, est un ensemble de courts poèmes en vers libres.

Une précision, tout d'abord, sur la définition du mot "Apostilles". Il s'agit d'une note ajoutée à un écrit.

Sauf qu'ici, le lecteur comprend assez vite que ces notes s'ajoutent, non pas à un texte, mais à plusieurs aspects de la vie. En voici plusieurs, pris au hasard : mer, musique, baiser, mort, suicide, forêt, église, dureté, première fois…

Le choix du terme d'apostilles est donc constitutif de ce recueil. Ecrire une apostille, c'est mettre à distance les choses de la vie et ainsi ne pas laisser trop de prise au passage du temps, même si on le sent passer, le temps…

C'est raconter les choses de la vie dans une permanence qui n'appartient à personne en particulier.

En même temps, cette mise à distance n'est pas une garantie d'objectivité. Le lyrisme de l'auteur, Gaël Guillarme, s'y exprime pleinement (on dirait une pincée de Jules Laforgue, là-dedans, le genre de style qui peut exister !) entre tristesse et nostalgie, ce qui donne à ces poèmes leur profondeur non feinte.

Les lycéens, qui ont décerné à "Apostilles", de Gaël Guillarme, le prix des Trouvères, ne sont pas passés à côté de cette sensibilité.

Extrait de "Apostilles", de Gaël Guillarme :

"Apostille au baiser 

Sait-on ce qui passe du ciel à la terre
quand l'oiseau s'en mêle ou bien le baiser
On n'embrasse jamais qu'à contre-jour
une bouche qui en sait plus long que nous
Même écrasé sous le talon
le soleil garde une marque de ces lèvres
qui auront toujours un temps d'avance sur la nuit"

"Apostille à l'horizon

On se tient toujours seul
sans père ni mère
sans nul amour
à la frontière du visible
et de la mort
où l'épine de la ronce
distille de toute éternité
une unique goutte de silence"

"Apostille au parc Monceau

Le soir meurt dans les yeux des statues
Le ciel ratisse largement les allées
Le gardien referme les grands arbres
où sont soigneusement pliés les enfants
et rangés par couleur les jolis yeux des mamans"

La préface du livre est de Jean Le Boël, secrétaire du Prix des Trouvères. La vignette de couverture est d'Isabelle Clément.

Si vous souhaitez vous procurer "Apostilles", de Gaël Guillarme, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site des éditions : https://www.editionshenry.com/index.php?id_dossier=14

samedi 15 mai 2021

« Retour à Znamenskoye », d’Arnoldo Feuer







Sous-titré « Vignettes et tampons pour un voyageur », ce « Retour à Znamenskoye », d’Arnoldo Feuer, est un ensemble de poèmes en vers libres, publié par « Les Lieux-Dits éditions, dans sa collection « Les parallèles croisées ».

Si les dates d’écriture de ces poèmes sont très précisément déterminées (entre le 27 octobre 2020 et le 21 janvier 2021), le reste est plus flou. S’agit-il d’une fiction complète ou totale ? Difficile de le dire. Pas grave de le savoir, me direz-vous. Sauf que la soif de vérité et la curiosité légitime s’exprime aussi chez le lecteur. 
Bref, disons qu’il s’agit de la mise au propre de souvenirs qui seraient destinés, pourquoi pas, à d’autres voyageurs.

En tout cas, j’ai bien aimé l’ambiance qui émane de ce livre. Une ambiance pas ordinaire, de guerre froide, entre armée, diplomatie et espionnage. Et… fourgons blindés. Ici, le travail de la journée est effacé au profit de ce qui en constitue les intermèdes, déplacements, réceptions, déjeuners ou dîners.

La caractéristique principale est que l'action (ou l'inaction) se déroule dans un pays sujet aux attentats : la Tchétchénie. Et donc, le danger est permanent, surtout dès qu’on sort de chez soi.
En résumé, dans ces pages, le lyrisme s’efface au profit des faits bruts.

Chaque poème de la page de gauche n’est pas identique formellement. Cependant, il se termine invariablement, sur la page de droite, par quelques vers très courts (formant le plus souvent tercet), en forme de moralité. Ainsi, ces courts poèmes remettent les choses à leur place, avec de l’humour, plutôt noir, et compensent (ou confirment!) par un clin d’œil la dureté de la description contenue sur la page de gauche.

Extrait de « Retour à Znamenskoye », d’Arnoldo Feuer :

"Encore des pannes
Pas seulement le gaz
se met en panne
parfois l’eau
le plus souvent l’électricité

c’est la raison d’être du générateur sous la terrasse
qu’il faut savoir faire fonctionner un engin bruyant
mais nécessaire été comme hiver celui de tes voisins
internationaux est moins sonore et plus performant

on craint pour les denrées périssables au frigo
mais les gardes dans leur abri ont aussi besoin
du générateur et appris à le mettre en route vous
êtes une petite communauté interdépendante

lampes de poche et bougies
se trouvent à portée de main
prêtes à servir à tout moment
le versant ordinaire de la paranoïa"

(page de gauche)

"aux marchés de rue
on s’éclaire aussi
en perçant les
tuyaux de gaz"

(page de droite)

Si vous souhaitez en savoir plus sur « Retour à Znamenskoye », d’Arnoldo Feuer, qui est vendu au prix de 15 €, vous disposez d’une adresse postale (Zone d’Art, 2 rue du Rhin Napoléon 67000 Strasbourg), mais pas de site Internet.