dimanche 23 février 2020

"Borne 45", de Denis Hamel

Publié par les Éditions du Petit Pavé, dans sa collection "Le Semainier", "Borne 45", de Denis Hamel est décrit comme un récit de voyage, dans la préface de Claire Ceira.

Pourquoi pas, mais moi j'y verrais plus volontiers une confession écrite en vers libres, celle de la borne 45, 45 étant l'âge de l'auteur quand il a écrit ces poèmes.

Délaissant des textes au contenu plus expérimental, Denis Hamel exprime ici avec clarté ses doutes et sa lassitude existentiels, voire aussi son... amour (hé oui : il y a un beau poème d’amour, là-dedans !). Il en profite pour dresser le bilan d'une moitié de vie.

C'est marrant : il y a des recueils qui veulent faire ensemble et qui n'y parviennent pas, malgré les efforts produits par leur auteur. Et là, c'est tout l'inverse : ces moments décousus, qui sont autant de poèmes, forment un véritable ensemble.

Extrait de "Borne 45", de Denis Hamel :

"profession de foi

comme si je pouvais prendre des mots
les jeter sur le papier
et faire quelque chose de beau

les gens diraient c'est bien c'est
comme si les mots étaient vivants
et depuis des années je fais comme si

écrire à partir de l’espérance ou son contraire
faire fleurir un lotus dans la boue et l'ordure
étaient des occupations justifiées

pour archiver des perceptions
je fais avec peu je me protège du bruit de tout
ce qui est écrit sur la pierre repose dans le végétal

les convulsions du monde ne me concernent pas
Poésie nous apporte du bien à tous
(PS : unless one has some other motive for its use)"

L'illustration de couverture est de Marie-Anne Bruch.

Si vous souhaitez vous procurer "Borne 45", de Denis Hamel, qui est vendu au prix de 8 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.petitpave.fr

lundi 17 février 2020

"Un soleil que j'essaie d'écrire", de Khaled Youssef


Publié par l'éditeur italien Kolibris  en version bilingue français italien (traduction de Chiara de Luca), "Un soleil que j'essaie d'écrire", de Khaled Youssef se partage entre courts poèmes, récits de voyages, témoignages et photographies de l'auteur.

J'ai tout d'abord été séduit par l'objet livre (12 cms X 17 cms, couleur du papier), ainsi que par la qualité poétique des photographies couleur (avec ou sans bulles de savon).

Quant aux poèmes, j'ai tout simplement apprécié leur sobriété et leur simplicité.

Par exemple, dans :

"Il a pleuré toutes les larmes de son corps
Pour quelque chose qui n'existe que dans sa tête"

"Le poète est un hors-la-loi; il défie l'autorité du familier,
Esquive les forces de la routine,
Et vend des rêves dans le marché noir de la nuit"

"Chaque fois que j'essaie d'écrire
Je compte les visages que la vie a dessinés sur mes mots"

À lire également, dans ce volume, le témoignage de l'auteur sur l'attentat de Nice le 13 juillet 2016, intitulé, non sans humour,  "Réfugiés chez un syrien" (pays d'origine de l'auteur).

"Un soleil que j'essaie d'écrire", de Khaled Youssef est en son entier un appel à la tolérance, à la compréhension mutuelle.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Un soleil que j'essaie d'écrire", de Khaled Youssef, qui est vendu au prix de 15 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://edizionikilobris.net/

jeudi 6 février 2020

"L'affolement des courbes", de Marc Tison


Publié par les Éditions "La chienne Édith", "L'affolement des courbes", de Marc Tison, est, comme son titre l'indique, un recueil de poèmes plutôt énervé.

Faut dire qu'il y a de quoi : inégal partage des richesses, pollution de la planète, terrorisme, racisme, marketing à outrance, etc.

En ce sens, les poèmes de Marc Tison sont des textes engagés réussis.

Mais la caractéristique principale du recueil ne me semble pas être là. Il s'agit surtout d'une question de contraste. Ce qui se remarque d'abord, dans les poèmes de Marc Tison, c'est leur révolte, leur rage.
Cependant, le lecteur aurait vite fait de passer plus facilement à côté des poèmes plus cool, de vraie détente, de jouissance de l'instant.

Par exemple, extrait de "L'affolement des courbes", "Les chemins de Los Guajares", de Marc Tison :

"Dans les chemins d'escarpe de Los Guajares
À l'aube encore fraîche
On entend le choc des outils de fer contre la terre
Sèche
Rebelle
Plantée de cailloux qui cernent les figuiers

Dans la sierra
Plus haut que le monde
Des silhouettes accrochées au ciel

Sur les terrasses brûlées de poussières
Que l'on garde parce qu'il le faut
Parce que les amandiers sont là depuis toujours
Que les ânes connaissent le sentier
Que les mains épaisses des hommes sinon aussi sécheraient"

La quatrième de couverture est de Franco Mannara.

À signaler l'originalité de la maquette de Jean-Jacques Tachdjian, dans laquelle, au fil des pages, les courbes (et les traits) s'affolent entre les mots.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "L'affolement des courbes", de Marc Tison, qui est vendu au prix de 10 € (+ 3,80 € de frais de port), contact de l'éditeur : laniche@lachienne.com et sur le site de l'auteur : https://marctison.wordpress.com/