mercredi 8 mai 2019

"Faut bien manger", d'Emanuel Campo


Deuxième recueil publié par Emanuel Campo aux Éditions de "la Boucherie littéraire", dans la collection "Sous le billot", "Faut bien manger", d'Emanuel Campo parle des conditions de vie contemporaine dans la ville, lieu de tous les travaux (j'avais envie d'écrire "travails") immatériels, rémunérés ou pas.

J'ai éprouvé du plaisir à lire ce livre, car j'y retrouve l'humour de son auteur qui s'emploie à tourner en dérision des choses pas forcément marrantes, comme par exemple le manque d'argent, la laideur du paysage urbain, les choses qu'on s'oblige ou qu'on nous oblige à faire pour gagner sa vie.
Bref, un texte résolument actuel (pas évident en poésie).

J'y retrouve également cette désinvolture dans l'écriture, ce j'men foutisme apparent qui, peut-être ou peut-être pas, dissimule de plus fines blessures. 

Chaque poème de "Faut bien manger" me semble être un tout, une île qui se déplace dans une même constellation thématique. Les poèmes sont assez nettement aussi tournés vers l'oralité, voire, vers la performance, ce qui rafraîchit l'écriture poétique, l’assouplit.

Si "Faut bien manger" se compose de tableaux (ou de scènes) différentes, ces tableaux sont musicaux et impliquent un changement de décor (comme dans un ballet).

Extrait de "Faut bien manger", "Projet d'ambulance", d'Emanuel Campo :

Je connais un gars qui est revenu
du statut de "pote" à celui de "connaissance".
Il s'est lancé dans son projet artistique
un groupe de musique.
Avant, nous nous voyions pour discuter.
Aujourd'hui
il communique
à coup de post, de tweet, de texto, de vidéo,
qu'il nous invite tous à partager.
Sa comm' est tellement offensive que son projet,
lui, ne l'est plus.
Ses mots sont lancés loin devant. Ils ne sont déjà
plus là quand il parle.
D'ailleurs, il parle de Projet, Mon projet, Écoute, c'est
mon nouveau projet.
"Puisque c'est un projet, il n'existe pas. Mais tu
l'as déjà ? Donc même si c'est un projet, je peux
quand même l'écouter ? Si je comprends bien, tu me
présentes un morceau de futur ?"
Et pour dire les choses franchement,
le mec me saoule.
Mais c'était un pote, alors il m'arrive de penser à lui,
et d'aimer les ambulances. Car on devient tous,
à un moment ou à un autre, une ambulance,
roulant à toute vitesse, un blessé à bord.

Si vous souhaitez vous procurer "Faut bien manger", d'Emanuel Campo, qui est vendu au prix de 12 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://laboucherielitteraire.eklablog.fr/

Ce livre est disponible, sur commande, dans toutes les bonnes librairies de France et de Navarre.

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