dimanche 21 juillet 2019

"Une brèche dans la tapisserie des ombres", de Pascal Perrot


Publié par les Éditions du Cygne, dans sa collection "Le chant du cygne", "Une brèche dans la tapisserie des ombres", de Pascal Perrot, est un recueil de proses poétiques, dont les trois parties voient leur titre inclus dans le titre général du livre : "Une brèche (2e partie), dans la tapisserie (3e partie) des ombres (1ère partie)".

Bien que je n'ai pas, jusqu'à présent, si ma mémoire est bonne, lu de poèmes en prose de Pascal Perrot, mais des poèmes en vers libres, j'y retrouve ici ce qui nourrit son écriture, une révolte viscérale contre le monde tel qu'il est - dans les villes du moins, il est vrai, largement déshumanisé.

La caractéristique principale de ces textes est de n'offrir guère de respiration, tant leur souffle est, non seulement puissant, mais souffle en continu. L'avantage de cette écriture est de montrer l'épaisseur du monde dans lequel nous vivons (notamment avec les couches d'Internet), la difficulté de s'y frayer un chemin, pour y trouver une vérité qui nous ressemblerait, qui nous conviendrait, en tant qu'individus libres. 

C'est la difficulté pour un homme de penser dans un univers qui ne laisse guère de temps pour cela.

Pascal Perrot restitue bien la complexité de nos décors de vie qui vont jusqu'à nous engloutir, en ayant parfois recours, à un surréalisme d'images.

Cependant, le ton de ces textes est acquis à la lucidité, plutôt qu'au désespoir. Il y a là-dedans quelque chose de solide, comme un éclat de rire de bon-sens, qui, au besoin, désamorce les fantômes de la modernité que nous ne savons pas par quel bout prendre.

Extrait de "Une brèche dans la tapisserie des ombres", de Pascal Perrot :

"L'essentiel

J'ai répudié la nostalgie qui collait sa chair à la mienne cognait ses os contre mes os avec des façons de ventouse et une haleine de cadavre j'ai refusé la pourriture de ces hosties décomposées que l'on élève au rand de saintes et ne sont que putrescents passés et ces valises remplies de plaies que l'on traîne de gare en gare sans s'interroger plus avant sur l'état de leurs contenus je les ai laissées sur le quai volontairement oublié lequel les prenne qui le désire qui n'a pas son quota d'auto-flagellation

se murer dans l'hier se laisser inonder par ses pluies corrosives est incapacité à repenser la forme à retrouver en géomètre les périphéries du désir paresse d'apprenti-vivant qui renâcle au prix du savoir au poids d'incendies dont il faut parfois payer la connaissance l'âpre et rude leçon de soi l'humiliante étude des charniers des immondices qui vous peuplent j'ai ouvert portes et fenêtres aux imprévisibles futurs dont le vent écorce la peau précipite les destins dans l'avalanche des visages équarris et ramenés à l'essentiel."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Une brèche dans la tapisserie des ombres", de Pascal Perrot, qui est vendu au prix de 12 €, rendez-vous sur le site des éditions du Cygne : http://www.editionsducygne.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire