samedi 7 avril 2018

"Juste qu'on peut vivre", de Cyril C. Sarot


Publié par les Éditions Gros Textes, "Juste qu'on peut vivre", de Cyril C. Sarot est sous-titré "Carnet de notes littéraires et turbulences".

Il s'agit d'un recueil de fragments plus ou moins courts, et que j’appellerais volontiers, pour ma part, des moralités ou (im)moralités.

C'est ce qui distingue ces textes de la plupart des aphorismes que j'ai l'occasion de lire. Il ne s'agit pas seulement ici de raccourcis saisissants qui démontrent un sens de l'observation affiné. Il ne s'agit pas non plus seulement de jeux de mots.

Non, dans ses textes, Cyril C. Sarot ne refuse pas de prendre parti, de faire preuve d'impertinence et d'humour, sans pour autant se cantonner à des traits d'esprit, car c'est plus sérieux que ça.

C'est le cas, par exemple, lorsque cet auteur, se moque des poses que l'on trouvé habituellement chez les (h)auteurs pas que "professionnels".

Il y a de ce fait, et par hasard, communauté d'esprit avec ce que j'ai pu écrire dans les éditos de "Traction-brabant".

J'ai bien aimé aussi, dans ce livre, la précision et la richesse de l'écriture, qui reflètent la multiplicité des centres d'intérêt de Cyril C. Sarot, qui ne parle pas que d'écriture !

De plus, ces notes littéraires, si elles sont rangées par chapitres, ne sont pas classées ensemble par thèmes convergents, ce qui va aussi à l'encontre de ce qui se trouve dans la plupart des livres, dans lesquels l'ordre des petits soldats règne.

À cet égard, les titres des chapitres sont aussi amusants, car ils ne constituent qu'un résumé, certes précis, de leur contenu.

Par exemple, "Notes sur le fair play des pâquerettes et l'ordre impérieux des choses", ou "Notes sur le selfie-mitrailleur et les reflets des vitrines".

Extraits de "Juste qu'on peut vivre", de Cyril C. Sarot :

"Le bruit de chaque bouteille venant se fracasser sur les autres lui évoque un cœur brisé. Le passage au container à verre est un moment déchirant pour l'âme sensible."

"Un magazine littéraire. La photo d'un écrivain de face, absorbé, profond, pensif, dans une pose à la Rodin. Quelques pages en suivant la photo d'un autre, légèrement de profil, méditatif, le regard lointain, comme porté par la force de sa pensée, pénétrante et inspirée. Cliché, cliché, cliché ! Voit-on vraiment dans ces postures l'image projetée de l'écriture ? Je doute que ces lieux communs de l'écrivain plaident réellement en sa faveur, lui dont on attend plutôt - ou plutôt dont on devrait attendre - qu'il se départisse des postures et des rôles pour aller au-devant de lui-même, de sa liberté, de sa singularité, de sa solitude."

"Quand je n'ai eu aucun mal à écrire un fragment, j'ai le sentiment étouffant d'avoir trahi quelque chose, que ce que je viens d'écrire est mauvais, le résultat d'une aisance dangereuse et suspecte, sournoisement piégeuse, comme si seuls la difficulté et l'effort étaient aptes à me préserver de moi-même, de mes manques, de mes limites."

"Je ne souhaite la mort de personne, pas même de mon pire ennemi. Je voudrais juste qu'il disparaisse de la surface de la terre, rien de plus."

La photo de couverture est de Nicolas Anglade.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Juste qu'on peut vivre", de Cyril C. Sarot, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur (Gros Textes) : https://sites.google.com/site/grostextes/

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