Publié par les éditions du Port d'Attache, "Scènes du placard", est le cinquième recueil de Basile Rouchin, qui succède à, notamment, "Dimanche sans bigoudis", paru aux Éditions du Citron Gare, que j'anime.
Formellement parlant, avec "Scènes du placard", je me retrouve donc en terrain connu.
En effet, comme dans "Dimanche sans bigoudis", il s'agit ici de proses qui se composent de quelques phrases, ou occupent une page complète du livre.
À mes yeux, ces "Scènes du placard" se situent à égale distance du récit et de la poésie. Si elles racontent des histoires, elles recèlent également moult jeux de mots, ainsi que des images qui court circuitent l'histoire. À tel point qu'un lecteur pressé passerait sans doute à côté de certains jeux de miroirs. D'ailleurs, ces proses ne sont pas destinées à être lues forcément dans l'ordre. Elles constituent autant de mondes clos, séparés.
À lui seul, le terme de "placard" définit les textes publiés. Tout d'abord, c'est un meuble essentiel pour une famille. Et ici, il s'agit toujours d'histoires familiales, qui mettent en lumière des personnes différentes, ou du moins, dont les prénoms diffèrent.
Sauf qu'on peut ranger tout plein de choses dans un placard. Au sens propre comme au figuré. Le placard se situe au milieu du huit clos familial. C'est évidemment dans un tel espace fermé sur lui-même que l'on range ses secrets de famille, sentiments et comportements inavouables, penchants coupables, vices, aspirations mal définies, bizarreries en tout genre. Le problème est que parfois, le placard s'ouvre impunément, exposant tout son déballage.
Justement, ces "Scènes du placard" en sont bien pourvues, de scènes, l'auteur maniant de surcroît le piquant avec dextérité.
L'humour est bien sûr présent, mais hélas, dans certains cas, quand, par exemple, le père use de violence envers sa compagne et/ou sa progéniture, le sourire laisse la place au malaise, voire à la honte ou à la révolte.
Ainsi, avec ces "Scènes du placard", l'auteur explore les territoires troubles d'une poésie délibérément réaliste, dans laquelle le lanceur d'alerte a aussi son mot à dire.
La préface est de Jacques Lucchesi et l'illustration de la première de couverture de Basile Rouchin.
Extrait de "Scènes du placard", de Basile Rouchin :
"Ursule se penche sur le parapet. La rambarde métallique coupe son souffle. Regardez-le faire la planche depuis le 4e étage ! Tout se joue au niveau de la poitrine : la sienne et celle de sa mère, collées au garde-fou. S'il est trop tard pour les soins, les seins, le peau à peau, les papouilles et autres options; reste à franchir ce vide compris entre terrasse et sol ferme. D'emblée, il devance la becquée. Tente un envol. Affronte l'espace. Toute son existence, Ursule sera en quête du contour qui nourrit, de la voix-limite. mais son esprit de fuite frappera à jamais ses rencontres, contrariera l'intimité et les fondations de son comportement : pertes de sang par le nez, du liquide séminal par le sexe, de la matière grise par le siège. Quête d'évasion. Évitement généralisé. Goût pour la Voie Lactée."
Si vous souhaitez vous procurer "Scènes du placard", de Basile Rouchin, qui est vendu au prix de 8 €, rendez-vous sur le site des éditions : https://editionsduportdattache.blogspot.com/p/collection.html
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