mercredi 15 juin 2016

« Prés poèmes et pommes », de Thierry Le Pennec


Ce court recueil, composé d'une vingtaine de poèmes, dernier né des éditions Potentille, me rappelle des souvenirs.
C'est comme si j'y étais, à vrai dire, plus de vingt ans en arrière, en train de cueillir des pommes à la fin de l'été, avant d'en remplir des caisses (pallox).
Dans « prés poèmes et pommes », Thierry Le Pennec évoque ce travail-là, en tant qu'exploitant d'une terre, depuis la récolte des pommes jusqu'à leur vente (directe).
Mais attention, il n'en parle pas comme un patron parlerait d'une possession qui ne lui échapperait pas. 
Car dans la culture, tout est affaire de climat, de saisons, et les récoltes varient selon les années. Mieux vaut donc toujours rester humble avec la terre. Et puis, cette dernière nous enseigne à comprendre que nous ne sommes pas éternels.
Dans ces courts poèmes, sauf exceptions écrits en vers, et qui comportent souvent des vers décalés, je ressens le plaisir du geste bien fait, parcimonieux, comme du mot juste, et en même temps, ce qui résiste, peut blesser, écharde comme matière lourde à porter. 
Le parallèle entre l'écriture du poème et la culture est naturel, mais n'est exprimé par chance qu'une seule fois, au tout début. Car écriture et culture sont deux choses bien différentes l'une de l'autre, l'écriture étant, malgré tout, une facilité, ne serait-ce que d'un point de vue purement physique :
« dans l'amitié des bêtes et des plantes »

et ça dure et ça tire
en longueur les heures
qu'on passe à
serrer des fruits à la fin
d'un automne et dans l'odeur
des feuilles mes gouttes
continûment aux bottes
lourdes du soir au matin
tintin ça repasse
comme un disque rayé
tournant sur la platine du ciel,
étourneaux ».

A signaler également les titres des poèmes, pas du tout classiques, et même plutôt déconnants : « prod », « Ash Ra Temple », « au taquet », « 1991 », « flux, faix, concaténations » etc.

Et en guise d’extraits, le seul poème du recueil qui semble n'avoir pas besoin de titre :

« en le plus infime
des gestes celui
de détacher un fruit
de son pédoncule que ne suis-je en cet état toujours
Agissant dans le cosmos d'un champ
sous son ciel labouré de mille et un vents »

A qui le dis-tu !

Le dessin de couverture est de Benoit Le Pennec.

Pour vous procurer « Près poèmes et pommes », de Thierry Le Pennec, vendu au prix de 8 €, contact (chez l'éditeur) : http://potentille.jimdo.com/

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