vendredi 5 mai 2017

« On dirait que le temps tourne en rond », de Charles Desailly

Prix des Trouvères 2017, Grand Prix de Poésie de la ville du Touquet (jurés lycéens), « On dirait que le temps tourne en rond », de Charles Desailly, publié par les éditions Henry, dresse le bilan provisoire d'une vie.

L'originalité de ce livre tient justement à ses forces d'opposition.

En effet, la première partie, intitulée « La tentation du temps zéro, l'enfance » décrit l'enfance comme un moment, sauf exceptions, merveilleux ou, du moins, poétique. Cette combinaison, bien qu'elle soit très bien rendue, n'est pas rare en poésie. Cependant, il est aussi rare que l'enfance soit connotée de manière négative.

Malgré tout, avec les deuxième et troisième parties, intitulées respectivement « L'épreuve du désir » et « Les heures épuisées », le bilan positif semble s'inverser, l'âge venant, après le temps intermédiaire de l'incertitude.

Cette vision de la vie ne cherche donc pas à nous bercer d'illusions, n'essaye pas de trier le bon grain de l'ivraie. Hélas, il faut l'avouer, cette expérience me semble plutôt courante (d'ailleurs, ici, le pronom indéfini « on » est très souvent employé), mais elle est peu rendue en poésie, surtout dans un même parcours de lecture.

Le style de l'auteur, Charles Desailly, est on ne peut plus clair, même si les images sont très souvent présentes, ces deux caractéristiques rendant la lecture plus agréable.

La lecture agréable tient aussi au format des poèmes.

Là encore, bien que chaque texte contienne plutôt des versets que des vers, il en ressort une impression générale de brièveté. Car l'unité de valeur n'est pas ici le poème, mais plutôt la phrase qui le compose, celle-ci pouvant être facilement isolée des autres qui l'entourent.

Extrait de « On dirait que le temps tourne en rond », de Charles Desailly :

«    Les trous de repli sont des heures chargées de ciels noirs.
      Les trous nous signifient la fragilité du temps l'espace figé dans la membrane de l'absence.
      Un vieux rêve caresse l'ankylose de l'enveloppe.
    Par nuit traversée d'étoiles on aime l'idée du corps frissonnant les mots vont à l'épaisseur du manque à la fragilité des disparitions.
      Ce qui tombe dans le trou n'est que le reflet de nos vies faciles.
      Le silence sans voix nous protège du voyage programmé.
     Nos défaillances ressemblent à des terres brûlées et longtemps nous traînons à l'assaut des jours emmurés. »

L'illustration de couverture est d'Isabelle Clément.

Ce livre est préfacé par Jean Le Boël, qui rend compte des délibérations du jury des lycéens.

Pour en savoir plus sur « On dirait que le temps tourne en rond », de Charles Desailly, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.editionshenry.com/

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