dimanche 31 janvier 2016

"Après, j'irai chanter", de Jean-Michel Robert


"Après, j'irai chanter", de Jean-Michel Robert, édité par "Gros textes", regroupe en fait 3 textes : celui qui donne son titre au livre, un autre inédit, "A jamais" et enfin, une réédition d'un recueil de 1997, aujourd'hui introuvable, intitulé "Alice, Eugène, glissades".
Il y a beaucoup de choses que j'aime dans ce livre, à la fois dans ce qui s'exprime : véritable hédonisme de l'auteur (alors que ce mot est aujourd'hui, je trouve, employé à tort et à travers dans un sens attiédi), humour noir, auto-dérision. Et dans la manière dont c'est exprimé : poèmes en vers bourrés jusqu'à craquer, surréalisme de certaines des images employées, sens de la formule.
Bref, tout ce qui paraît démodé pour l'époque mais qui moi, lecteur, me passionne et me tient en haleine. Là, au moins, je n'ai pas besoin de me demander si c'est de la poésie. C'en est, bien naturellement. D'autant plus qu'il y a beaucoup de vie là-dedans.
Comme pour illustrer la philosophie de la vie qui s'exprime dans "Après, j'irai chanter", "Alice, Eugène, glissades" et "A jamais" traite du sujet délicat de l'amour porté à des jeunes filles "à peine nubiles", pour citer le commentaire d'Alain Kewes. En tout bien tout honneur, car le sujet de ces amours est mis à distance, sitôt approché.

Extraits de : "Après, j'irai chanter" de Jean-Michel Robert :

"La mesure

J'aimerais trouver les mots à la mesure de cet étonnement d'être
ce cri de nébuleuse dans une égratignure,
son fou rire dans l'amour, cet acharnement dans le vertige.
Exister,

exister sans dieu mais ronger de mystère, sans raison mais assoiffé, coïncidence errante,

être soi sans y croire,

mais devenir obstinément; et cette trouille quand la présence s'impose... Oui, j'aimerais trouver le rythme,

le lyrisme de la stupeur."

Extrait de "Alice, Eugène, glissades" :

"non il n'est pas question de famille
ni de linge sale il s'agit
encore d'une fenêtre
enfoncez-vous bien ça dans le reflet
mettez-le vous dans l'éphémère
le hasard pourra enfin respirer la lumière saine
celle dont on ne fait pas les chandelles de dîner
ni les dentiers de centenaires
celle dont on ne fait ni de vieux os ni cheveux blancs
celle dont on ne fait rien
qu'un petit rire d'Alice
avant qu'elle ne suce un sexe ou un naufrage
c'est à peu près la même chose
pour les rescapés qui croient
nager ou espérer
c'est à peu près la même bouée
il y manque une tête de canard
c'est triste".



Pour en savoir plus sur "Après, j'irai chanter", de Jean-Michel Robert, vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://sites.google.com/site/grostextes/

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