mercredi 22 janvier 2020

"Ganaha", de Florent Toniello


C'est une des rares fois où je chronique un roman, s'agissant de "Ganaha", de Florent Toniello, publié par les Éditions Jacques Flament.

Il faut dire que Florent Toniello est plutôt connu dans le réseau poétique, jusqu'à présent, pour avoir publié des poèmes.

Sous-titré avec humour "Un conte futur dans une langue passée", ce premier roman tient à la fois de l'utopie (avec des airs, peut-être, de "Paul et Virginie", de Bernardin de Saint-Pierre) et de la science-fiction. 

En effet, l'auteur décrit les rapports entre deux mondes. Le premier monde est moins "moderne" que le nôtre, mais il s'agit surtout d'un monde décroissant, dans lequel les gens - des îliens - ont appris à vivre libres et heureux, au rythme de la lumière, des produits de leurs pêches.

Le deuxième monde est un univers à la 1984, dans lequel les machines ont pris le contrôle des hommes.

Entre les deux mondes, la communication a lieu par les failles spatio-temporelles.

Je précise, même si cela semble être une évidence, que le cœur du narrateur bat pour le monde décroissant. Je n'en dirai pas plus, sous peine de déflorer l'intrigue.

Tout de même, la poésie est loin d'être absente de ce texte, puisque les principaux protagonistes de l'histoire écrivent de la poésie, plutôt expérimentale, d'ailleurs.

Plus qu'une toile de fond, la poésie constitue la principale respiration de "Ganaha".

Extrait de ce roman, un poème :

"brûle des électrons écartelés, corps à vif dégingandé
dans la vitesse impossible, douceur sucrée sous la langue.
je emplie d'amants, je vide de désir, science rude mélange
de mes atomes crochus, secoués, à petit feu distendue.
la lumière au bout du tunnel, vaste hypocrisie, ignominie
rassurante, je hurle au vent des ères, piétine les mémoires.
je pénètre les trous noirs de ma chair, suis l'ange des temps
nouveaux, prêtresse des plans astraux, bouton d'arrêt,
simulation off, moi, toute-puissante, démembrées dans l'éther."

Si vous souhaitez en savoir plus sur ""Ganaha", de Florent Toniello, qui est vendu au prix de 15 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.jacquesflamenteditions.com/378-ganaha/

dimanche 5 janvier 2020

"Le souci du bien", de Xavier Frandon


Après "L'adieu au Loing" (que j'ai édité à l'enseigne du "Citron Gare" en 2016) et "Le caractère sacré", Xavier Frandon publie ici son troisième recueil de poèmes aux Éditions du Cygne.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que son titre - "Le souci du bien" - se justifie vraiment.

Si j'ai retrouvé inchangé le style de Xavier Frandon, à la fois dans la forme des poèmes (assez courts poèmes en vers séparés par des strophes à peu près régulières) et dans le fond (ironie devenue rire, mélange de formules concrètes et abstraites), l'auteur, avec ces nouveaux textes, semble être passé du côté pile (le sombre) au côté face (le clair).

En effet, cette suite de poèmes décrit le bonheur de l'auteur de renouer avec l'enfance, à travers son expérience de la paternité, ce goût retrouvé des choses simples de la vie.
L'occasion d'opérer un retour sur le passé, à la campagne plutôt qu'à la ville et de se projeter dans le futur de la vieillesse, avec la satisfaction du fait accompli.

La clarté du sujet passe dans les poèmes. Et tant pis si la poésie est moins performante que la réalité - du moins, c'est ce que dit le poète dans plusieurs de ses textes - puisque la poésie parle de la réalité.

Extrait de "le souci du bien", de Xavier Frandon :

"J'ai la chance de bénéficier de votre enfance
Alors si vous me l'excusez, je tente une poésie

De là où nous sommes,
C'est-à-dire aujourd'hui
Il n'est de sujet que la vie

Mais des vieillards ou des bébés
De tous les animaux
Et de toutes les espèces
Je n'en connais pas lourd

Demain il fera beau
Et après-demain aussi

Des boucles d'or, des rires de pluie
Des danses qui se pâment
Des bisous dans le cou

Des bras qui se tiennent aux choses."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Le souci du bien", de Xavier Frandon, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.editionsducygne.com/

jeudi 2 janvier 2020

"Urangst", de Julien Guezennec et Marc-Albéric Lestage


Attention : beau livre d'artiste !

"Urangst" est constitué de quinze images en couleurs ou noir et blanc, de Julien Guezennec, accompagnées de poèmes de Marc-Albéric Lestage, le tout figurant dans un grand format paysage carré (21 cms X 21 cms).

Les illustrations de Julien Guezennec sont plus précisément des "photogrammes ou chimigrammes transformés par la suite en caissons lumineux", dont le format original est de taille humaine.

Et pour cause : les motifs des photogrammes, le plus souvent reconnaissables, sont ceux de corps humains apparaissant en transparence.

L'effet artistique et poétique de ces images est indéniable, puisqu'il évoque quelque chose d'à la fois très proche de soi et d'inconnu : la vie d'avant la naissance, la position des corps avant ou après l'amour. Tout ce qui, caché, soudain, est révélé en pleine lumière.

Les poèmes de Marc-Albéric Lestage saisissent avec justesse ces instants de fragilité, de peur ancestrale (traduction du titre : "Urangst"), d'effroi, mais également de recomposition de soi.

Extrait de "Urangst" :

"Spero Lucem

J'oublierai l'enjeu
           du lendemain

cette aspérité singulière
         disséquée par chaque
demi-sommeil

bref prélude au départ

césure amniotique
                   douceur
         fragilité

devant ce qui s'affirme
            ce qui rôde

à l'interstice des
          volutes refroidies
                   tatouant la paroi

reconnaissance
          ou bien mirage ?"

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Urangst", de Julien Guezennec et Marc-Albéric Lestage, qui est vendu au prix de 15 € (+ 5 € de frais de port), contacts : http://www.julienguezennec.com/ et http://www.marcalbericlestage.com/