jeudi 24 mars 2022

"Au royaume de ON", de Denis Guillec

 


Publié par Cactus Inébranlable éditions, "Au royaume de ON", de Denis Guillec est une suite de poèmes au ton mordant, de la "poésie pamphlétaire".

Les poèmes qui composent ce recueil sont tous bâtis sur le même modèle, puisqu'ils commencent par le même début de vers : Au royaume de ON.

Et tous ces textes poursuivent le même but : dénoncer le modèle dominant de notre société, et plus largement des pays dits développés, qui s'est renforcé avec la crise de la Covid.

Les caractéristiques de ce "modèle" sont les suivantes : dictature du matérialisme de la technologie et des statistiques, absence d'humour et de fantaisie, organisation à outrance de notre univers en échange de l'envol des libertés.

Dans "Au royaume de ON", il n'y a pas un poème, dans son style direct, qui ne fasse pas mouche dans la tête du lecteur.

Extrait de "Au royaume de ON", de Denis Guillec :

"Au royaume de ON, on a des preuves
                                           des preuves physiques
                                                               chimiques
                                                               mathématiques
                                                               logiques
                                                               juridiques
au royaume de ON, on sait."

La couverture est un dessin de l'auteur.

Si vous souhaitez vous procurer "Au royaume de ON", de Denis Guillec, qui est vendu qui est vendu au prix de 8 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://cactusinebranlableeditions.com/produit/au-royaume-de-on/

"COVID... et autres petites contrariétés", de Salvatore Sanfilippo

 

Ils sont nombreux les textes écrits sur l'épidémie de Covid. On constate que confinés, les écrivains ont eu davantage le temps de faire ce qu'ils avaient déjà l'habitude de faire tout le temps avant l'épidémie !
Cependant, ils sont rares, surtout en poésie, les textes qui parlent de la Covid avec humour.
C'est pourtant le cas des poèmes de Salvatore Sanfilippo, ici publiés.

Dans ce petit volume d'une soixantaine de pages, l'auteur prend notamment un malin plaisir à mettre à jour les absurdités induites par les limitations mises en œuvre à l'occasion des confinements ayant eu lieu en 2020.

Et le résultat est amusant, sans que les poèmes basculent pour autant dans la critique frontale. Ne pas oublier que les confinements étaient aussi destinés à nous protéger !

Extrait de "COVID... et autres petites contrariétés", de Salvatore Sanfilippo :

"Je me suis fait arrêter par les flics

Je me suis fait arrêter par les flics
J'avais oublié mes papiers
J'avais un coup dans le nez
Le contrôle technique pas à jour
Les pneus lisses
Le pot polluant
Mais ils m'ont laissé filer

J'avais mon
masque

Est-ce que si je braque une banque
Avec un masque
En respectant les gestes barrières
On me laissera faire ?"

L'illustration de la couverture est de l'auteur.

Si vous souhaitez vous procurer "COVID... et autres petites contrariétés", de Salvatore Sanfilippo, qui est vendu au prix de 8 €, contact : sanfi@laposte.net

dimanche 13 mars 2022

"Pile poil", de Frédérick Houdaer

 


Publié par les Éditions Gros Textes, "Pile poil", de Frédérick Houdaer est un recueil de poèmes, en vers tout à fait libres, qui se lit bien, sans prise de tête. Et c'est déjà beaucoup !

L'auteur écrit les vers comme il écrit en prose, mais avec des retours à la ligne plus fréquents, et malgré cette "contrainte", ses textes sonnent avec naturel. Ils paraissent détendus et le sont probablement !

S'agissant du contenu de "Pile poil", de Frédérick Houdaer, j'y vois deux axes principaux, même s'il s'agit toujours d'une poésie de situation - entendez par là : dont la teneur nait d'une situation précise du quotidien.

En effet, je distingue des poèmes plus délirants, dans lesquels gambade l'imagination et d'autres plus polémiques, sur le monde littéraire - même si le qualificatif est exagéré - mais disons plutôt, au contenu critique non équivoque.

Et je dois avouer qu'à mes yeux, ça vise "Pile poil" juste.

En témoigne, pour moi, ce "Est-ce ainsi que les hommes riment ?

"l'année précédente
j'ai protesté contre l'absence de poètes
programmés
à ce festival du livre
j'ai marqué le coup
en organisant un commando
de lanceurs de haïkus trash
cette année les organisateurs du salon
pleins de bonne volonté
m'écrivent pour m'assurer qu'ils ont
corrigé le tir
et m'inviter à venir constater sur place
je les prends au mot
me rends à leur barnum
j'assiste à une lecture assise
de poèmes d'assis
pour public assis
le principal responsable
ce poète-depuis-cinquante-ans
comme il aime à se définir
à défaut de montrer une chair de poète
il parle depuis sa chaire de poète
très fier de ne faire de la poésie
qu'une affaire de mots
il se veut intraitable sur ce dernier point
le lyrisme sans couille qui caractérise ces poèmes
il le déclare atténué ou en mineur
le pire
c'est sa fierté d'avoir enseigné aux États-Unis
pendant un tiers de sa vie
quand il parle
C'est un prof que l'on entend
pas un poète
et quand il lit ses poèmes américains
je reste sidéré qu'il n'ait pas pris
le quart du dixième de ce qu'il y a de bon à prendre
dans la poésie américaine
avec son affaire de mots
il réduit les paysages qui l'inspirent
à une galerie de tableaux

quant au public et à ses réactions

un public de poésie
est comme n'importe quel public
quand il a affaire à un nom"

Bref, vous avez compris !

"Pile poil" est dédié à Philippe Bouvier. La quatrième de couverture est de Patrick Dubost.

Si vous souhaitez vous procurer "Pile poil", de Frédérick Houdaer, qui est vendu au prix de 7 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://grostextes.fr/publication/pile-poil/

lundi 7 mars 2022

"Mélusine au gasoil", de Florent Toniello

 

Publié par les Éditions Facteur Galop, "Mélusine au gasoil", de Florent Toniello tient davantage de la poésie épique, avec toute la dérision que cela peut comporter, que de la poésie intimiste, avec ses mots soigneusement triés dans un même champ lexical.

Ce qui m'a plu dans ce texte; c'est qu'il se départit pas de son rythme. Et le lecteur le sent dès le début du poème, qui comprend plusieurs niveaux de lecture.

C'est tout d'abord une tranche de vie (l'épopée d'un jour, comme peuvent l'être certains jours !) où est racontée l'invitation à une lecture publique d'un poète - Pierre Joris - le jour de son anniversaire.
À cette occasion, la vie quotidienne de l'auteur est également évoquée.

C'est ensuite une tranche de vie contrariée par les pluies diluviennes qui font déborder l'Alzette, cette rivière luxembourgeoise.

C'est pourquoi le démon de la rivière, la fée Mélusine, se parfume au gasoil, du fait de la pollution ambiante. Pas très romantique, mais très contemporain, en revanche.

Ainsi, tandis que le sujet essentiel de "Mélusine au gasoil" est constitué par cette crue de l'Alzette, le lecteur sent très vite que le poème est lui aussi la rivière, qu'il peut déborder de son lit, même si à la fin, tout rentre dans l'ordre, de façon provisoire, du moins. La rivière est aussi celle qui charrie toutes sortes d'informations, sans les trier, des informations plus ou moins importantes, plus ou moins justes.

La dernière partie du recueil, comme c'est toujours le cas avec ces éditions, est consacrée à un entretien entre l'auteur, Florent Toniello, et son poète invité, Pierre Joris, qui répond aux questions du premier. Une façon de montrer le rôle de la transmission de la passion, en poésie.

Extrait de "Mélusine au gasoil", de Florent Toniello :

"notre bal aquatique, j'en rêve, Mélusine
lorsque tu seras débarrassée
des relents qui font de l'Alzette un garage
                de ton pantalon graisseux
                                de tes doigts noirs
mais je dois le dire ta salopette
de mécanicienne fait de l'effet : tu es
une femme libérée depuis un millénaire &
ça se voit : tu incarnes la séduction
                                                                même
sans les atours des eaux paisibles
avec ton parfum capiteux (on s'y habitue,
                            même si à contrecœur)
                de chimie des hydrocarbures"

Si vous souhaitez vous procurer "Mélusine au gasoil", de Florent Toniello, qui est venu au prix de 2,22 €, rendez-vous sur le site des éditions : https://www.helloasso.com/associations/editions-facteur-galop

jeudi 3 mars 2022

"Oscillations", de Dorothée Coll

 

Publié par les Éditions Lunatique, dans sa collection ""Les Mots-Cœurs", "Oscillations", de Dorothée Coll est un recueil de poèmes en vers, parfois rimés, ce qui est assez rare, parmi les livres que je chronique, pour être signalé.

Visuellement, d'ailleurs, ces poèmes se présentent comme des poèmes classiques, avec leurs vers soigneusement ponctués. J'y vois là comme les traces de la poésie de l'enfance, celle dont on apprend par cœur les vers. Celle, peut-être, d'une sagesse apparente qui ne sort pas de certaines limites.

Et d'ailleurs, forme et fond se répondent, puisque "Oscillations" évoque des souvenirs d'enfance, avec toute la poésie que les souvenirs et l'enfance à la fois comportent.

Mais dans cette enfance, tout n'est pas rose. la colère parfois l'habite, les petites révoltes aussi, qui deviendront peut-être grandes.

Je m'interroge également sur le titre d'"Oscillations", et y vois un aller-retour nostalgique  entre le présent et le passé, ce qui est exprimé dans le sous-titre du livre : "De brins de fille en bribes de femme".

Ainsi, parfois, cet aller-retour entre passé et présent produit de la solitude, titre de l'un des poèmes du livre, proposé ci-après :

"Solitude

Ma solitude, je l'étends sur le fil
Le matin au réveil,
Et puis le soir aussi, souvent,
Quand les lumières éteintes m'entourent de pénombre.

Je l'écoute claquer au vent,
J'absorbe l'absence,
Redessine le temps
Et, en quelques minutes,
Assemble des années,
Un patchwork de passé comme une couverture
Que je prête, parfois,
À ceux qui n'ont pas froid."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Oscillations", de Dorothée Coll, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.editions-lunatique.com/oscillations